Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Inventaire avant liquidation

[Pathologie du surmoi narcipâteux]

12 Novembre 2017 , Rédigé par Narcipat Publié dans #61 : Narcipat?

    6. CARACTÉRISTIQUES STRUCTURELLES ET ORIGINES DU SOI GRANDIOSE

    Quelles sont les origines et les fonctions de la condensation pathologique de ce soi grandiose? À mon avis, les images d’objet idéalisées qui normalement devraient être intégrées dans l’idéal du moi puis comme telles dans leur surmoi, sont condensées au concept de soi. Comme résultat, il n’y a pas d’intégration normale du surmoi, les frontières entre moi et surmoi sont estompées dans certains domaines, et les aspects inacceptables du soi véritable sont dissociés et/ou refoulés, en association à une dévalorisation globale et destructrice des objets externes et de leurs représentations. [Dans le brouillard de l’abstraction, on peut raconter ce qu’on veut; mais d’abord, je constate que les adeptes du narcissisme ordinaire, comme le black au molosse que j’évoquais samedi dernier (voisin éphémère, maître-chien de son état, qui, malgré la protection que lui assuraient des muscles et son bestiau, n’avait “pas entendu” une bande de loubards se déchaîner sur le palier, couper le grillage, et aller faire la fête sur le toit), se gênent beaucoup moins que nous (enfin, que moi) pour dissocier ou refouler les “aspects inacceptables du soi” : j’ai eu les boules des loubs, et je n’accepte pas d’être un lâche? Pas de problème! Je dormais, et n’ai rien ouï (or ils sont presque tous ainsi : les exceptions sont comme un ballon d’oxygène) [Il faudrait tout de même distinguer ici le mensonge du refoulement, mais avec des précautions, car la plupart de ces “j’y-ai-dit-que” mentent, certes, mais oublient très vite la vérité.]; d’autre part, “dissociation” est trop vague, car tantôt l’on dévalorise les autres avec soi, et même se sert de l’autodénigrement pour les attaquer à la sournoise, tantôt notre valeur exclut la leur, ou l’inverse : s’ils ont raison, c’est que j’ai tort, et réciproquement : ce qui demeure, c’est l’opposition de je à un ils dont les individus ne ressortent pas significativement, la difficulté d’admettre les torts partagés (donc l’égalité) et surtout l’incertitude du dosage.] Ainsi, le monde intrapsychique de ces patients n’est peuplé que par leur propre soi grandiose, par des ombres dévalorisées du soi et des autres, et par des persécuteurs potentiels qui représentent tout autant les précurseurs surmoïques sadiques non intégrés, que les images d’objet primitives déformées sur lesquelles un sadisme oral intense a été projeté. [Mouais… Tout ce que je peux dire, c’est que s’il y a bien tout ce sadisme (projeté) au départ, il est devenu (chez moi du moins) méconnaissable. Je pense que la plupart des gens qui ne me connaissent pas (encore hier ce je-ne-sais-quel-grade des pompiers) me méprisent à première vue, par une sorte de réflexe. Mais il ne me viendrait pas à l’esprit qu’ils m’en veuillent! Je les considère soit comme des imbéciles, soit comme détenteurs de raisons qui m’échappent, et j’oscille de l’un à l’autre – sans compter le “troisième pôle” de m’interroger sur la réalité de ce mépris.] Il faut noter encore que ces événements apparaissent au moment où les images de soi et d’objet ont été suffisamment différenciées les unes des autres afin d’assurer les frontières du moi stables de telle sorte que la condensation pathologique apparaît après l’accession au stade du développement qui sépare les structures psychotiques des structures non psychotiques. Ainsi formé, le soi grandiose pathologique permet une certaine intégration du moi et fournit une meilleure adaptation sociale d’ensemble que celle qui est atteinte par les patients limites en général. Le clivage du soi caractéristique des patients limites est ainsi évité, mais au prix d’une détérioration ultérieure des relations d’objet, de la perte de la capacité à dépendre d’autrui et d’une fâcheuse capacité à protéger le soi de tout conflit affectif avec autrui en se retirant dans un isolement grandiose et splendide [ou/et misérable] qui donne le sceau spécifique de l’organisation narcissique.

 

    Une autre conséquence de ces événements [? Bizarre dénomination, pour des mouvements lents, hypothétiques et brumeux!] est que, tant que dure la condensation dans le soi grandiose des éléments du surmoi et des éléments du moi, certains éléments du surmoi ne seront pas disponibles pour une intégration du surmoi, en particulier les composants normaux de l’idéal du moi. Dans ces circonstances, les précurseurs sadiques du surmoi prédominent, et l’intégration du surmoi pourra représenter pour le moi un danger terrible d’écrasement par ce surmoi primitif et sadique. [Débouchant sur quoi? La dépression? Le suicide?] Ainsi, comme manque l’intégration normale de l’idéal du moi avec les autres structures surmoïques, les précurseurs des systèmes de valeurs ultérieures manquent aussi. De même manque également la condition préalable à une internalisation des composants surmoïques suivants, principalement les images parentales plus réalistes dérivées des conflits œdipiens qui normalement constituent le ciment essentiel de l’intégration du surmoi. La dévalorisation des parents, rationalisée comme des réactions de désappointement, se nourrit aussi de ce développement défectueux des fonctions les plus élaborées du surmoi. [Ce que je persiste à “rationaliser (en partie) comme désappointement”, est-ce bien le surmoi primitif et sadique, qui, si j’ai bien compris, serait donné comme existant chez tous, mais relayé chez la plupart par des “images parentales”, sinon “plus réalistes”, du moins plus bienveillantes? Je persiste à ne pas voir de quel usage me seraient cette agressivité et cette culpabilité “orales”, voire innées, qu’on ne prend même pas la peine de justifier par le traumatisme de la naissance : où serait l’intérêt, en termes de causalité d’un trouble spécifique, de “précurseurs du surmoi” universels? Il me semble que le rejet, réel ou seulement ressenti, rend mieux compte d’une dissidence.] Elle entrave ensuite l’intégration normale des systèmes de valeurs qui font partie de la personnalité totale et le développement des capacités de sublimation qui en dépendent. [Peut-être; mais j’attends toujours le détail concret de ces mécanismes.] La conséquence finale, et la plus importante, de l’établissement du soi grandiose, est la rupture de la polarité normale entre soi et image d’objet qui font partie d’unités internalisées qui fixent et reproduisent des relations satisfaisantes avec autrui. Le soi grandiose permet le déni de la dépendance des autres [mais du même coup l’exacerbe], protège l’individu contre la rage et l’envie narcissiques, crée le préalable à une dévalorisation, une dépréciation permanente des autres, et contribue à déformer les futurs investissements à la fois narcissiques et objectaux du patient. [Et, par là, constituerait une excellente solution… s’il ne conservait son revers de néant.]

 

    Pour toutes ces raisons, on ne peut considérer le narcissisme pathologique comme une simple fixation à un narcissisme primitif normal. Le narcissisme normal provient de l’investissement libidinal en une image de soi et d’objet originellement indifférenciée de laquelle ensuite des images de soi et d’objet investies de façon libidinale se développeront. Celles-ci détermineront finalement un soi intégré qui incorpore les images de soi d’origine libidinale et d’origine agressive sous la prédominance des images d’origine libidinale. Le soi intégré est entouré par les représentations d’objet intégrées qui finalement traduisent l’intégration des images d’objet plus précoces investies de façon libidinale et de façon agressive, l’intégration apparaissant aussi sous la prédominance d’images d’objet essentiellement libidinales. Dans le narcissisme pathologique, ce “monde de représentations” normal est remplacé par une constellation pathologique de relations d’objet internalisées. [On ne sort pas de ces données : ou la libido, ou l’agressivité (tardivement avalisée par Freud). Je persiste à penser qu’on ne prend pas le problème à la racine, que l’agressivité est toujours rétorsive-par-avance, et que la “libido” est pourrie par la revendication d’être. Que les prétendues pulsions primaires doivent être revues et corrigées, car elles se subordonnent à la demande de reconnaissance, chez un être qui est tout-spectacle, parce qu’on ne l’a pas regardé à temps, ou qu’on l’a sifflé. [Ma différence de base : « Au commencement était le Narcissisme » ne fait-elle qu'enfoncer les portes ouvertes pour tous, je me le demande depuis avant le début. Mon mal consiste-t-il à être plus vrai, plus basique que vous tous? Difficile d’embrayer sur « À suivre… » dans un ouvrage qui touche à sa fin…]]

 

    Ainsi, contrairement aux vues de Kohut sur la nature de la pathologie du surmoi dans les personnalités narcissiques, je pense que ces cas ne reflètent pas simplement un manque de développement des précurseurs idéalisés du surmoi (les composants de l’idéal du moi) mais une condensation pathologique de ces précurseurs avec les composants du moi. De ce fait les frontières normales du moi et du surmoi sont estompées; cela empêche que les structures surmoïques primitives se développent en un surmoi normal élaboré. Il n’y a pas seulement un “manque” d’internalisation de certains précurseurs normaux idéalisés du surmoi, mais une déformation active de ceux-ci avec simultanément une dévalorisation pathologique des objets externes. D’une façon plus générale, il n’y a pas seulement une “absence” de certaines structures, mais un développement pathologique de structures plus précoces, si bien que les structures normales ultérieures ne peuvent se développer. [C’est-à-dire essentiellement la morale altruiste. Mais chez qui est-elle autre chose qu’une façade?]

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article