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Inventaire avant liquidation

[Spécificité de l’idéalisation narcissique]

11 Novembre 2017 , Rédigé par Narcipat Publié dans #61 : Narcipat?

 

    5. LES DIFFÉRENTS TYPES D’IDÉALISATION ET LA RELATION ENTRE L’IDÉALISATION NARCISSIQUE ET LE SOI GRANDIOSE

 

    [L’analyste, toujours lui… La barbe! On coupe!]

 

    Les différents types d’idéalisation peuvent s’envisager comme un continuum à partir d’un fonctionnement primitif normal jusqu’à un fonctionnement adulte normal. Cependant, toutes celles-ci contrastent vivement avec l’idéalisation des personnalités narcissiques qui reflètent la projection sur l’analyste du soi grandiose du patient. Le patient narcissique étend son propre sentiment de grandeur jusqu’à y inclure l’analyste. Ainsi, tandis qu’il associe apparemment librement en présence de l’analyste, en fait il se parle à lui-même, étalé en une figure grandiose “s’auto-observant” dont le patient devient, temporairement, un satellite ou une attache. [Il y a bien : “le patient” et non pas “l’analyste”. Le texte est assez flou pour n’y pas suspecter, en plus, des erreurs. Il se peut (je m’y surprends souvent) que j’évolue vers une acceptation générale, que, dans une semaine je “comprenne” ce passage, et hausse les épaules devant mes réticences. Mais pour l’heure cet « il se parle à lui-même » me paraît superficiel. C’est l’impression (défensive?) que te donne le patient, par le peu d’importance qu’il accorde à tes interventions, et, effectivement, le besoin qu’il a d’arriver au bout du tunnel à la lumière de l’“auto-observation”. Il te plaît à dire qu’elle est “grandiose”, mais est-il pathologique de s’étudier soi-même? De toute façon, cette “projection sur l’analyste du soi grandiose” n’est qu’une apparence : même si à la limite on ne lui demande pas d’ajouter son grain de sel, l’altérité du témoin contenant, et sa science présumée supérieure nous sont absolument nécessaires, au moins pour avaliser nos élucubrations introspectives. Tu ne mesures pas assez que la solitude n’est la meilleure solution que parce qu’on ne rencontre que des cons et/ou des indifférents, mais qu’au fond elle est intolérable, parce que nous savons que nous ne faisons que brasser du vent tant qu’on ne nous a pas octroyé l’estampille. Ce que j’attends, c’est celui qui, intégrant tout ce que je dégoise de moi, résoudra les contradictions et opérera la synthèse dont je suis incapable. Attends… ou crois attendre, persuadé que nul n’ira plus loin? [Rappel de ma première leçon d’escrime, que j’ai déjà évoquée… plus tard.] Est-ce que je n’ai pas un peu évolué depuis ce temps-là? Et puis quoi, entre se connaître et simplement ratatiner l’adversaire, il n’y a pas équivalence! J’admets que l’idée ne m’emballe pas, d’aller déverser mes rêves nocturnes ou éveillés dans l’oreille d’un type qui se chargerait de me reconstruire à sa guise, j’aurais peur de perdre mes repères et de l’installer en moi. Il faut que je livre d’abord mes trouvailles [pour qu’on m’en fasse honneur, quitte à tout biffer, si un changement effectif les a rendues ridicules.] Mais la quête d’un interprète de mes interprétations, d’un synthétiseur exhaustif, est-elle bien sincère? Est-ce que je n’attends pas plutôt d’être déçu? À voir comme j’accroche au passage et mémorise le moindre propos du premier idiot venu, lui prêtant systématiquement une science infuse ou y voyant l’expression de la vox populi, on dirait tout de même que mon avidité n’est pas feinte. Quoi qu’il en soit, si le psy est une projection du self grandiose, ce n’est pas un clone de moi, mais bien une idéalisation [vide] de l’Autre : elle n’est pas inconditionnelle, voilà tout, et j’estime que la santé mentale est là, plutôt que dans un transfert sacralisant. [Sur ce point, je n’ai pas varié d’un iota. Suit une comparaison assez ennuyeuse (pour moi) avec d'autres types de transferts et d'idéalisations : je sabre.]]

    […] Un soi grandiose pathologique est projeté sur l’analyste, l’“empathie” du patient pour ce soi projeté se maintient, et le patient tente d’exercer le plus grand contrôle possible pour que l’analyste fasse exactement ce qui convient pour maintenir la projection et éviter l’émergence d’un analyste comme objet autonome, indépendant; [Revenons-y : un peu de réflexion a tout de même décanté, et sans renier le besoin que j’ai de l’aval d’un sujet contenant autonome, il faut bien convenir de ma tendance à occuper le terrain, et, tant que je le peux, à parler à la place de mon prétendu SCA, à l’enfermer dans mon “système” sans le laisser organiser le sien. J’attendrais de l’analyste, prétends-je, une synthèse qui engloberait mon autoanalyse, mais ce qui ressort des faits, c’est qu’en présence d’un “public” qui à mes yeux a une fonction identique à la sienne, je m’acharne à entasser du matériel, accroissant à chaque remarque la difficulté de tout prendre en compte, dans le but secret, peut-être, de rendre impossible cette synthèse que je crois désirer. Plus généralement, n’est-ce pas en soi une négation de l’altérité que de se tenir pour un Prince de l’Écoute, déplorant seulement qu’il y ait si peu à écouter? [Si. Quoiqu’il soit exact qu’il y a peu à écouter.]] c’est toute cette opération défensive qui [ou que?] reflète ce que j’ai appelé, sur le plan opérationnel (reformulant l’usage que Melanie Klein a fait de ce terme), l’“identification projective”, un autre mécanisme caractéristique des états limites et des personnalités narcissiques. [Notre effort de connaissance semble donc fichu d’avance : tout ce dont nous sommes capables, c’est d’“empathie pour un soi projeté”. Bien vu, et un peu désespérant. Deux objections tout de même : d’abord, qui donc échappe à cette imputation? La formule ne résume-t-elle pas toute forme de psy intuitive et de prétendue empathie? Ensuite, comment se fait-il que souvent, ça marche? Parce que l’objet est fait au même moule, ou parce que, ce “soi projeté”, nous parvenons à le faire investir par un objet malléable? Ce sont surtout des ados que je comprenais, ou qui s’estimaient compris. Mais ils ne tardaient pas, une fois le dos tourné, à m’échapper, et il y avait sans doute de la complaisance à me peindre cette reprise d’indépendance comme un retour aux niaiseries du sens commun. [Notons ici, sous l’égide de l’identification projective, la… confusion de deux situations? Je prétendais comprendre un(e) adolescent(e) pour qu’il/elle m’en sût gré, et peut-être m’en récompensât autrement. Je n’aurais tout de même pas la prétention, si j’avais un(e) psy, d’entreprendre sa cure! Non, non… Mais d’être à ses yeux par l’auto-analyse qu’il/elle aurait pour fonction de valider… et qu'après tout elle serait bien libre de s'appliquer!]] Les conséquences pratiques des efforts continus du patient pour obliger l’analyste à se conduire très exactement comme le patient a besoin de le voir, correspond tout à fait aux descriptions de Kohut du transfert au miroir. Ce que je veux encore noter cependant, c’est la nature spécifique particulière de la constellation du narcissisme pathologique qui s’oppose aux développements narcissiques des autres types de pathologies.

 

[Je fais encore sauter ici un long passage trop abstrait pour mon goût, où Kernberg s’acharne à prouver que le soi grandiose ne résulte pas d’une régression au narcissisme infantile, et insiste sur la spécificité de nature et de fonction de l’idéalisation de l’analyste par le narcisse pathologique.]

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