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Inventaire avant liquidation

[Désappointements et dévalorisation]

14 Novembre 2017 , Rédigé par Narcipat Publié dans #61 : Narcipat?

 

    Au cours de ce travail, sous les “désappointements” remémorés ou redécouverts et qui proviennent des parents, émergent souvent les dévalorisations des images parentales et des parents réels, qui ont pris place dans le passé afin d’éviter d’entrer en conflit avec eux. [Oh, pour ça, le conflit, ça l’a vachement évité!  Vu que cette dévalorisation, il était impératif de la leur faire connaître… Il est vrai qu’on s’efforce de la protéger d’être elle-même dévalorisée; mais c’est un mouvement secondaire, un aménagement : le basique, c’est de contester le juge à tout hasard.] Chez les patients en analyse, les désappointements ne révèlent pas seulement des frustrations fantasmatiques – ou réelles – dans le transfert, elles révèlent aussi de façon dramatique la dévalorisation complète de l’objet transférentiel pour la plus minime des raisons [selon toi, eh, pomme : pourquoi donc tes échelles prévaudraient-elles? Quand mes deux partenaires de triumvirat [Rubel et Céline, à l’époque où nous “dirigions la tour”] laissent une de mes questions s’enliser dans le silence, immédiatement je flirte avec la rupture, alors que j’aurais accueilli avec gratitude un « Tu débloques, et voici pourquoi » parce que dans mon esprit, ne pas répondre, ou ne pas lire mes mails en entier, relève du mépris, un mépris dont j’ai trop peur qu’il ne soit justifié.] et, par là, la nature intense, accablante, de l’agressivité contre l’objet. [Connerie : ce qui est intense et accablant, c’est la terreur provoquée par un sujet contenant/rejetant.] La rage directe, provoquée par les frustrations, est une réponse infiniment plus normale, quoique exagérée. En plus, la conséquence de l’alternative « soit vous êtes comme je veux, soit vous cessez d’exister » est aussi l’acting-out du besoin inconscient de contrôle omnipotent de l’objet et reflète les défenses contre l’agressivité. [Ce n’est pas exactement : « Vous êtes comme je veux », mais : « Vous comprenez au moins tout ce que je comprends, vous ne me sous-estimez pas, vous m’entérinez tout entier. À partir de là seulement, il vous est loisible d’aller plus loin. Et merde! On ne peut exiger de tous qu’ils ne nous évaluent que sur la base de nos œuvres complètes, mais ce serait la moindre des choses qu’on suspendît son jugement tant qu’on n’a pas tous les éléments en mains! – Et si tu commençais par t’inspirer de ce sage principe? – Mais moi, je le répète, je ne juge pas : je fais semblant, pour dévaloriser le mépris potentiel. Cela dit, ptêt bien que les autres aussi. [Pas exactement : « Vous êtes comme je veux »? Non, parce que la raison et le principe de réalité donnent un coup de balai derrière, mais ce n’est pas un si mauvais résumé des causes de mes coups de gueule, bouderies et ruptures préventives. Je n’arrive pas à tolérer l’altérité. Ma loi, c’est la loi, ce qui est d’autant plus gênant qu’elle est changeante.]] Les “réactions de désappointement” dans ces cas traduisent aussi bien l’agressivité que des tensions libidinales et de façon plus immédiate une protection contre l’activation des conflits agressifs oraux. Le transfert narcissique, en d’autres termes, active d’abord les anciennes défenses contre des relations plus profondes avec les parents, et seulement ensuite les anciennes et véritables relations à ceux-ci. [Je ne conteste pas ces deux étapes en gros; mais le désarroi, l’accablement doivent précéder la fureur, laquelle ensuite se détourne dans l’édification du self grandiose et la dévalorisation, non tant pour rendre les relations plus confortables, que parce que la fureur, rendant la dépendance manifeste, donc entérinant la dévalorisation subie, n’est pas une solution efficiente : le retrait hautain, lui, nie le juge. D’autre part, il faudrait tout de même reposer la question du masochisme psychique : est-ce que la fureur n’est pas elle-même une réaction contre une profonde adhésion au verdict néantifiant? [Tout cela n’est pas inintéressant, mais je n’arrive pas à retrouver moi-même, sept ans plus tard, en quoi ça pouvait bien commenter le K-texte, auquel je me demande parfois si j’avais compris quoi que ce soit. Ce qui peut simplement signifier que certaines intuitions se sont égarées dans le temps, et que l’expression écrite n’a pas la vertu de les rappeler. Alors, s’il s’agit de les faire venir chez qui ne les a pas préalablement eues… Dans ces cas-là, on efface, eh, truffe!]]] Comme c’est le cas pour de nombreux patients limites, les parents avaient réellement déçu le patient, mais sur des points ou d’une manière que le patient narcissique n’a habituellement pas suspectée et qui ne deviennent clairs que dans la dernière partie du traitement. [J’aimerais bien voir ça : naturellement, c’est le self grandiose qui parle, mais jusqu’à présent Kernberg ne m’a pas donné ombre d’exemple de trucs insoutenables que je n’aurais pu trouver tout seul!] En résumé, les désappointements dus à l’analyste, son idéalisation irréaliste qui masque le refus du patient de reconnaître que l’analyste est un objet indépendant, et les motifs complexes du retrait narcissique, doivent être soigneusement explorés pour retrouver sous-jacents le mépris et la dévalorisation. [Désolé, mais pour ce qui me concerne, ce sous-jacent affleure, c’est la couche superficielle : si c’est là le résultat des fouilles après CCCLXV séances de divan, autant user de ma thune pour autre chose. [Il faut tout de même signaler que la résolution qui se polymérise à cette relecture, c’est celle de bien me garder d’“idéalisation irréaliste” au cas où je serais confronté à une analyse.]] C’est là une différence frappante avec les modalités techniques de l’analyse des réactions narcissiques infantiles qu’on retrouve dans les autres types de pathologies.

 

    Un problème technique crucial avec ces patients est de pouvoir se centrer sur ce qu’ils possèdent encore de capacité d’amour, d’investissement objectal, et sur le côté réaliste de l’appréciation qu’ils peuvent avoir des efforts de l’analyste pour les aider à ne pas mésinterpréter la focalisation sur le transfert négatif comme une conviction chez l’analyste qu’ils sont “totalement mauvais”. [Espérons que ça peut se lire en “totalement nuls”.] L’analyste doit donc se centrer à la fois sur le transfert positif et négatif. À cet égard, Kohut me cite, disant que les déformations du moi «  requièrent des mesures éducatives temporaires », ce qui constitue une méprise sur mon point de vue. L’analyste doit certainement éviter des mesures éducatives ou une attitude moralisante. [N’empêche qu’elle semble bien à la base de toute la démarche : la guérison, pour Kernberg, c’est l’accès au normal, non pas au bonheur : ce qu’il prétend restaurer, c’est avant tout une capacité au deuil et à la dépression, une dépendance nécessairement douloureuse quand elle n’est pas réciproque. [C’est vrai que des relations d’objet gratifiantes semblent ne venir qu’en deuxième ligne, après démantèlement du fort, et nullement garanties.]] Je pense que la meilleure manière d’y parvenir, c’est en analysant les motifs qui déterminent les défenses narcissiques, y compris l’activation du soi grandiose. Une des principales raisons pour laquelle ces patients ne peuvent tolérer de faire face à leurs sentiments de haine et d’envie est qu’ils redoutent que ces sentiments détruisent les analystes, détruisent leur espoir en une bonne relation et anéantissent leur espoir d’être aidé. [Je voudrais bien poser en hypothèse : « Il a raison » et faire l’effort d’explorer systématiquement les conséquences de ce postulat. Mais ici j’aurais trop l’impression de me coucher au lit de Procuste. Avec ça je ne peux pas me cacher que je dévalorise mon Auteur avec une virulence croissante : me sentirais-je acculé? Je ne vois absolument pas en quoi : il me semble au contraire l’être de moins en moins, donc avec une arrogance croissante, et que c’est ça qui m’agace.] Plus profondément, ces patients craignent que leur agressivité non seulement détruise l’objet qui aime et qui donne, mais aussi leur propre capacité à donner et à recevoir l’amour. [Idem : ils craignent de se planter, et qu’on leur mette le nez dans leur urine. [Mais peut-être ne parlé-je ici que pour les narcissociopathes.]] Les patients narcissiques essaient aussi, en déniant la réalité de leurs relations affectives à l’analyste, de dénier le danger de leur destructivité et de préserver l’illusion d’être capables de “tout reprendre à zéro”. [Avec un autre?? Obligé de transposer dans le domaine amoureux, comme le fait K juste après. Même si l’on se dit qu’on est “mal tombé”, sur des filles indignes, pour préserver l’espoir de trouver la bonne, nie-t-on pour autant “la réalité des relations affectives”? Ce que je dis, c’est que chez moi l’amour dit objectal est d’essence narcissique – et chez mes partenaires dito. Que tout soit foutu d’avance par ma faute, je m’efforce d’y échapper – mais certes pas en niant l’intensité de mes passions narci-réverbérées pour telle ou telle.] On peut observer ceci chez certains patients qui ont des relations sexuelles narcissiques et tumultueuses. Une des fonctions de ces relations tumultueuses est de préserver l’espoir en une meilleure relation avec de nouveaux objets, et de protéger de la destruction les objets des impulsions sexuelles du patient. Souvent, négliger d’interpréter les aspects négatifs du transfert peut accroître la crainte qu’a le patient de son agressivité et de sa destructivité et intensifier le besoin d’activer les résistances narcissiques. La technique optimale de résolution des résistances narcissiques consiste donc à interpréter à la fois les aspects négatifs et positifs du transfert plutôt que de se centrer exclusivement sur les éléments libidinaux ou de croire à tort qu’une interprétation des résistances négatives latentes signifie un centrage exclusif sur l’agressivité.

 

    Il est important de garder à l’esprit que, sauf dans les cas des personnalités narcissiques les plus perturbées, certaines fonction du moi normales sont conservées et certains aspects réalistes du concept de soi continuent d’exister, à côté du soi grandiose. [Il te plaît à dire, et “à côté” me paraît une puérilité. Même si ce réalisme n’est pas qu’apparence et comédie, l’angoisse est de le sentir pourri de paranoïa et de “grandiosité”. Une lectrice [“Sylvia”, voir ultra] me prêtait il y a quelques jours de “l’honnêteté intellectuelle”, et ça fait toujours plaisir quand on n’est pas gavé de compliments; mais le problème demeure que le vrai est conçu comme la propriété de l’autre, et ne s’avère pas sans aval. Le vrai, c’est ce que j’aurai réussi à lui faire accepter; et le réalisme n’est guère plus qu’une manière d’y parvenir.]  Ceci bien sûr constitue la base de l’établissement d’une alliance thérapeutique, la possibilité d’écouter réellement l’analyste, et de s’identifier à lui lorsque le patient réfléchit sur lui-même. On peut reconnaître, préserver et élargir ces aspects normaux du soi en se centrant sur la tendance du patient à cliver ou dévaloriser ces fonctions en lui-même. Le désir réaliste de maintenir avec l’analyste une bonne relation et d’en être aidé est le point de départ, peut-on dire, de la récupération d’une dépendance et d’une évaluation de soi infantile, puis mature normale. [et du coup de renoncer à toute chance d’obtenir la lune, puisqu’on n’y viserait plus? Bien beau, mais il faut quelque chose à mettre à la place. [Et c’est toujours viser la lune que chercher pourquoi diable on ne l’a pas atteinte.]] Puisque les résistances narcissiques contre une pleine prise de conscience de la rage et du mépris sous-jacents sont aussi au service d’une préservation de la bonne relation à l’analyste, [pffff… quelle scie!] l’interprétation de cette double fonction des résistances narcissiques peut grandement aider le patient à faire face à son mépris et à son envie qui se trouvent clivés. Une interprétation qui ne soit pas une critique des aspects négatifs du transfert peut aider à réduire chez le patient la crainte de sa propre destructivité et ses doutes quant à sa bonté. [Laissons un peu décanter : je suis en pleine résistance. [La décantation n’a rien donné.]]

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