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Inventaire avant liquidation

[Les relations d’objet; l’amour “objectal”; narcissisme et dépendance]

9 Novembre 2017 , Rédigé par Narcipat Publié dans #61 : Narcipat?

 

    3. LES MANIFESTATIONS DU NARCISSISME PATHOLOGIQUE AU COURS DE L’ANALYSE

 

    Dans le transfert, une des principales fonctions des résistances narcissiques des personnalités narcissiques est de dénier l’existence de l’analyste comme être humain indépendant, autonome, en dehors d’une fusion simultanée dans le transfert comme on peut l’observer lors de régression profonde. C’est comme si l’analyste était toléré dans une sorte d’“existence satellite”; pendant plusieurs mois ou années, il y aura probablement de fréquents renversements de rôles, sans aucun changement fondamental dans l’aspect d’ensemble du transfert. Le soi grandiose permet le déni d’une dépendance à l’égard de l’analyste. [Qu’est-ce qu’il se répète, ce kroumir! Et il paraît de plus en plus évident qu’à ses yeux le simple refus d’une dépendance équivaut à celui de l’indépendance de l’analyste! Il trouve manifestement anormal qu’on ne se change pas en toutou prosterné, et c’est cela qu’il appelle déni de l’analyste en tant qu’être humain autonome. Il est certain, si le succès d’une analyse suppose une soumission perinde ac cadaver, l’aval systématique de toutes les élucubrations du Maître, que, quel que fût mon désir profond de me débarrasser de Qui suis-je? et de Que vaux-je? entre les mains d’un dieu incarné, cette thérapie-là n’aboutirait jamais. S’il faut passer par cette porte pour que les sentiments vrais me soient rendus, autant renoncer tout de suite.] Régulièrement cependant, lorsqu’on a pu perlaborer cette constellation défensive, il s’avère que ce déni d’une dépendance à l’analyste ne traduit pas une absence de relation d’objet internalisée ou une absence de capacité à investir les objets, mais une défense rigide contre les relations d’objet pathologiques plus primitives qui s’organisent autour de la rage narcissique et de l’envie, de la crainte et de la culpabilité à cause de cette rage, avec cependant un espoir désespéré en une relation qui pourrait détruire la haine. [Admettons un instant que j’aie mes idoles internes, mais que je les nie. Le socle de l’affaire, selon moi, c’est que je ne les aimerais pas pour elles-mêmes, mais en tant que regards habilités à me conférer l’être. Est-ce le cas de tous, et me fourvoyé-je dans une différence illusoire? Il me semble pourtant que certains, quand ils aiment, même si, à travers l’autre, ils ne s’intéressent qu’à leur propre personne, sont authentiquement curieux de ce qu’il est, de ses joies et de ses peines, et c’est ce que j’appellerais, de façon erronée peut-être, amour objectal. Aimer quelqu’un pour lui, est-ce que ça existe? C’est ce qu’on attend d’une mère; mais, fût-elle idéale, ce qu’elle aime en son gosse, c’est elle-même ou une part de soi : elle se projette en lui, et lui donne ce qu’elle voudrait, ou aurait voulu, recevoir. Seulement, si le narcissisme est la base de tout amour, je ne puis rendre compte par là de ma différence, pourtant patente. Il me semble que lorsque tout se passe bien, la réciprocité s’instaure : on “aime” pour être aimé, certes, mais le vis-à-vis aussi, on le sait et l’accepte, et surtout on ne se sent pas constitutivement séparé des autres bipèdes, mis en demeure de faire ses preuves. Enfin, quelle que soit l’explication, il doit bien exister des gens que le bonheur de l’autre ne fasse pas bâiller? J’adorais Hélène, et agonisais d’ennui quand elle me contait les portions de sa vie où je n’étais pas partie prenante! Oui, mais c’était objectivement chiant… Oui, mais cette objectivité est illusoire, et K ne manquerait pas de claironner que l’ennui dissimule et révèle l’envie. Revenons. Que l’amour soit dans son essence normal ou non chez le narcipat, il s’agit de savoir si son autel intérieur est vide, ou si les objets internalisés sont déniés; si l’indifférence affichée masque la rage et la haine. Ma foi, c’est possible. Le ressentiment, dirais-je plutôt, mais ce serait édulcorer… Ma conviction demeure pourtant que la rage et la haine ne sont pas fondatrices, qu’elles ne sont que le reflet d’un rejet, car je n’existe pas assez, je n’ai pas l’étoffe nécessaire, pour nourrir de pareils affects : il suffit d’un sourire, d’un signe d’estime de l’être qu’à l’instant j’exécrais, et il se métamorphose en copain! En attendant l’opération inverse… D’autre part, il m’est impossible de me réclamer, comme tant et tant, d’un sentiment sans le justifier. « Il me débecte, c’est comme ça. »  Non! Il faut que ce soit un gros con pour tous, du moins tous les lucides, ou je ne m’accorde pas le droit de l’abhorrer. Alors, ai-je internalisé mes parents (car c’est fondamentalement d’eux qu’il s’agit) comme des objets haïs, et les progrès que j’ai faits dans la distanciation sont-ils des progrès à rebours? Que je haïsse mon père n’aurait rien d’étonnant, vu son application à le mériter… sauf que sur ce point je suis juge et partie, n’ai guère de consistant sur quoi me faire les dents, et jouis peut-être, un peu plus bas, de ma propre injustice, ersatz d’autonomie. Comme, en dépit de tous mes efforts, il m’apparaît parfois que je ne me connais pas du tout, je ne serais pas si surpris de m’effondrer quand papa trépassera [Sans commentaire!], ce qui ne saurait tarder. Peut-être n’ai-je au fond que cet interlocuteur, avec lequel tout dialogue est pourtant rompu. Aimer une figure d’autorité m’inspire un immense dégoût, mais d’où viendrait la haine, sinon d’un amour tourné à l’aigre? À suivre…] Cette constellation défensive diffère tout à fait de l’activation des défenses narcissiques des autres types de personnalité.

 

    Chez les patients qui n’ont pas une structure narcissique de la personnalité, le ressentiment envers l’analyste, les réactions de désappointement, les sentiments de honte et d’humiliation au cours de l’analyse sont temporaires et moins intenses; et leurs réactions coexistent avec une possibilité manifeste à [sic] dépendre de l’analyste comme l’indiquent dans le transfert l’angoisse de séparation ou les réactions de deuil. En revanche, la dévalorisation et le mépris complet de l’analyste sont au premier plan chez les personnalités narcissiques, souvent rationalisés comme des réactions de “désappointement”. [Bien beau; mais ça paraît, si j’ose me répéter autant que toi, une manière un peu désinvolte de se débarrasser du désappointement authentique! Celui qui serait causé, par exemple, par des interprétations erronées et/ou simplettes.] Il persiste une absence d’angoisse de séparation ou de réaction de deuil lors des week-ends, absences ou maladie de l’analyste si bien que, même au moment d’une apparente idéalisation de l’analyste, la différence entre cette idéalisation et ce qu’on voit dans les autres transferts est frappante.

 

    L’expression de colère et de rage dans le cadre du transfert essentiellement négatif, liée à l’analyse des défenses de patients non narcissiques, ne provoquera pas la dévalorisation de l’analyste qui est typique des personnalités narcissiques. [À se demander si la suspicion, la méfiance, ne nous sont pas réservées! Cette soumission à l'analyste, tenue pour normale, rappelle à s'y méprendre l'obédience des “humains normaux” aux couronnnes et aux casquettes , qui a toujours creusé un fossé infranchissable entre eux et moi. En vain m'évertuerais-je à comprendre la docilité respectueuse des membres du Conseil Syndical sortant pour un escroc qui les saigne à blanc.] L’alternance entre des exigences infantiles lors des colères, et des manifestations d’amour, de gratitude et d’idéalisation suscitées par la culpabilité, caractéristique des patients non narcissiques, donne encore au transfert une qualité totalement différente. Souvent les personnalités narcissiques n’ont aucune curiosité concernant la vie de l’analyste dans les domaines qui ne se rapportent pas à leur besoin immédiat, pendant des mois ou des années. [Mais tu radotes, merde! Est-ce que selon toi, cette indifférence cache encore la haine et l’envie? Je n’ai pas connu la relation analytique; mais je suis authentiquement incurieux, sinon de la vie des autres, du moins de ce qu’ils m’en content, parce que la complaisance et le mensonge rendent insipides la plupart de leurs narrations et de leurs introspections. Surprendre ce qu’ils occultent, alors ça, oui, ça m’intéresse. Mais leurs “moi je”, leurs cigalous et leurs gosses, transeant calices! Est-ce que je refuse simplement d’accuser réception de leur vie, parce que je n’y ai nul rôle, et qu’elle fait pâlir la mienne? Parce qu’elle est pleinement vécue, alors que la mienne ne vaudrait qu’une fois comparée et reconnue? La question peut parfois se poser.] La présence d’une idéalisation apparemment “normale” (quoique infantile) en même temps qu’un oubli presque total de l’analyste, nous alerte sur la différence entre l’idéalisation normale et pathologique. L’absence de capacité à dépendre d’autrui des personnalités narcissiques qui s’oppose à une dépendance acharnée et à une capacité conservée de relations d’objet très variées chez les patients limites, contribue fondamentalement au diagnostic différentiel entre personnalités narcissiques qui fonctionnent à un niveau limite manifeste et patients limites ordinaires. Les autres éléments de ce diagnostic différentiel sont les caractéristiques spécifiques de l’idéalisation pathologique, la prévalence du contrôle omnipotent et en particulier du mépris et de la dévalorisation, et le retrait narcissique dans le cas des personnalités narcissiques. [Suis-je, en ce moment même, en flag de “contrôle omnipotent”, de mépris et de dévalorisation? Le discours kernbergien me sert de canevas, et me délivre des affres de la composition. Non que j’estime qu’il compose bien, puisqu’il ressasse ad nauseam, mais c’est son affaire, ma responsabilité n’est pas engagée, raison pour quoi cette littérature marginale (la mienne) me semble foncièrement inférieure, et seulement préparatoire. [Et elle perd toute excuse à devenir conclusive, ou quasi.] Naturellement mon allégeance n’est pas totale, j’en prends et j’en laisse, et il est bien naturel que je ne mette mon grain de sel qu’en cas de désaccord; même quand je prends presque tout (tout ce que je pige, s’entend) on peut se demander si je ne cherche pas surtout à me débarrasser de la personne de K, en reprenant ce qu’il dit à mon compte, et me gargarisant en secret de ce qu’il est plus difficile de penser tout ça de soi-même que d’un patient! Nous ne sommes pas dans une relation analytique, je ne peux pas fantasmer que l’écrivain s’occupe de mon cas, et que la relation comporte une réciprocité; elle n’en a pas moins quelque chose de transférentiel, et c’est d’une dépendance que je me défends. Mais enfin, soyons sérieux : si la réception critique relève du “contrôle omnipotent”, quelle alternative, que l’acceptation sans conditions et la démission de l’esprit? [Ce commentaire semble un peu futile, mais je pense qu’en assez d’autres lieux est posée l’alternative entre l’effective guérison psychotique et les improbables améliorations que nous promet le “pronostic réservé” (voire très réservé, pour les “personnalités antisociales”) du psychanalyste.] De nouveau, l’analyse met en évidence cette différence fondamentale entre le narcissisme infantile normal, une fixation au narcissisme infantile typique des patients qui ont une pathologie de personnalité autre que les personnalités narcissiques, et le narcissisme pathologique des personnalités narcissiques. [= qui auraient effectué une sorte d’auto-cure, non exempte certes de défauts, mais qu’on serre sur son cœur quand on la compare aux ravages qu’opérerait une “restitution de la dépendance”, quand personne ne veut de vous!]

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