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Inventaire avant liquidation

[Les incurables : sois grandioses accotés au réel, et personnalités anti-sociales]

17 Novembre 2017 , Rédigé par Narcipat Publié dans #61 : Narcipat?

 

F. PRONOSTIC DU NARCISSISME TRAITÉ OU NON TRAITÉ

 

    J’ai déjà envisagé les facteurs pronostiques dans le traitement analytique (chapitre premier). Je me limiterai ici à énumérer brièvement ces facteurs en modifiant ou complétant mes précédentes considérations.

 

    Le bénéfice secondaire de la maladie, tel que dans la vie des circonstances qui apportent d’inhabituelles satisfactions narcissiques à un patient qui présente une structure narcissique de la personnalité et un bon fonctionnement social, peut représenter un obstacle majeur dans la résolution de ces résistances narcissiques. [De ce point de vue, je ne suis pas gâté; mais la soif d’estime baisse incroyablement à mesure qu’en tarissent les sources, et le chameau parvient à survivre en ravivant les plus tièdes satisfecit du passé, ou en trouvant matière à éloges futurs dans sa production présente, si douteuse qu’en soit la qualité : même sur l’île déserte, le percipi n’abdique pas, à condition qu’on ait une chance de la quitter un jour.] C’est le cas aussi lorsqu’il y a un bénéfice secondaire qui provient du traitement analytique lui-même, par exemple des candidats à une formation analytique qui présentent une personnalité narcissique. La question se pose de savoir si d’inhabituelles satisfactions chez les patients doués, au début de leur vie d’adulte, lorsqu’ils présentent une personnalité narcissique, ne militent pas contre un commencement de traitement, et si une analyse en milieu ou en fin d’âge adulte ne peut pas avoir un meilleur pronostic dans certains cas. [C’est-à-dire, je suppose, à un âge où les satisfactions narcissiques en provenance de miroirs vivants se font rares. Présent! Mais comme on voit ici-même, passim, il y a moyen de s’arranger de l’indifférence et de l’échec, en optant pour la solitude réelle et les exigences démesurées, qui remettent toujours à plus tard la satisfaction ou l’effondrement. C’est quand même bizarre sur les bords, ce traitement qui consiste en somme à fragiliser les gens, à les jeter dans le désarroi, à mettre à bas leurs défenses longuement élaborées, à pulvériser leur faux self pour les laisser face à quoi? À l’authenticité d’une vie de merde dans laquelle ils s’avoueront une soif d’être aimés que personne ne viendra étancher? Je mettrai le temps qu’il faudra à vous conter cela en “anecdotiquotidien” [la section du blog Narcipat où je consignais les anecdotes, vraies ou fausses (mon idylle avec “Aude”, par exemple), dont la dimension universelle ou groupale n’était pas évidente.], mais j’ai des raisons fraîchement astiquées de penser que l’abandon au délire mégalomaniaque et au mépris tous azimuts constitue une meilleure solution que la quête de l’amour vrai, même platonique, à l’âge où l’on dégoûte. [Pas changé d’avis, sauf qu’il ne s’agit pas vraiment d’un abandon, et que l’autostima doit se raccrocher à des indices externes absolument pas probants, comme les chiffres de fréquentation d’un blog, ou l’intervention d’un Iznogoud très probablement bidon. Je crois bien que dans la décennie qui précède, on ne m’a donné d’avis favorable qu’à propos de certaines chansons, sur ma demande expresse : si j’arrive encore à écrire, c’est pour m’être lancé dans un ouvrage de très longue haleine, et ce n’est pas sans trembler que je le vois toucher à son terme.]]

 

    Un autre facteur fondamental du pronostic est l’importance de la réaction thérapeutique négative qui traduit habituellement les conflits particulièrement sévères, refoulés ou dissociés, organisés autour de l’envie. [Une fugitive lectrice [toujours “Sylvia”] me stigmatisait gentiment il y a une douzaine de jours de tourner en rond. Une synthèse systémique tourne nécessairement en rond. Mais si c’est le ressassement qui était visé là, force m’est de constater que je ressasse infiniment moins que Kernberg, dont le bouquin pourrait être diminué de moitié sans perte de contenu. [N’empêche que dudit contenu, il conviendrait de dire un mot. Nourris-je “des conflits particulièrement sévères, refoulés ou dissociés, organisés autour de l’envie”? En ce moment, je “travaille” sur mon complexe de Caïn, qui a probablement structuré toute ma vie : il n’y a pas de doute qu’une rivalité avec mon frère puîné, le “surdoué” (ou l’un des deux, Denis étant né beaucoup trop tard pour troubler mon parcours) m’a lancé dans l’impasse de l’histrionisme et de la littérature. Ce que je distingue mal, c’est l’envie actuelle que trahirait le dénigrement.]] C’est une réaction thérapeutique négative qui ne provient pas des éléments du surmoi et qui est encore plus sévère que celle qu’on voit chez les patients dépressifs avec des traits masochistes et un surmoi sadique mais intégré. Lorsque le surmoi fonctionne assez bien (ce qui se traduit par une capacité à investir réellement des valeurs qui transcendent les intérêts narcissiques [Tout tient dans ce “réellement”, qui n’échappe pas à l’appréciation subjective. Si j’en juge par moi, un narcipat ne demande qu’à se dévouer à des causes ou à des groupes (d’opposition, ça va sans dire); les intérêts égoïstes ne sont pas son fait, et il se déprend de tout ce qui, de lui, n’est que lui. Mais s’il souhaite se rendre utile, c’est pour qu’on lui en rende hommage : les “intérêts narcissiques” ne sont donc transcendés que superficiellement. Seulement, qui, qui échappe à cela? Qui va se sacrifier à sa famille, à l’humanité, à la Vérité, sans que personne n’en sache rien? Qui va aimer des êtres sans espérer d’eux une réciprocité?]), l’évolution pronostique est bonne, contrairement aux cas où existent des signes minimes d’une conduite manipulatrice ou délinquante, même en l’absence de traits anti-sociaux majeurs (qui bien sûr rendraient le pronostic très mauvais). En termes simples, l’honnêteté dans la vie quotidienne est un témoin de pronostic favorable pour l’analyse des personnalités narcissiques. [Va savoir! Je ne suis pas un truand éhonté comme les Bacha, sous ce rapport je jouis de la confiance des collègues : quand je m’occupe des affaires de la tour, on sait que je n’essaierai pas de m’en mettre plein les poches, ni ne chercherai à faire prévaloir mes intérêts personnels. Mais c’est par crainte de me faire képi : le bien d’autrui n’est pas une valeur qui subsiste sans témoin; par ailleurs je compte pour peu la thune au regard de la considération : si je me décarcasse pour la collectivité, il faut qu’on le sache, au moins une seule personne, bien que j’affecte de mon mieux de ne pas tirer la couverture. Je persiste à penser, avec le bon sens populaire, que, bien que je ne commette aucun délit, je suis anti-social “en profondeur”, mais que cette tare est sinon universelle, du moins beaucoup plus répandue qu’on ne le prétend.] Comme un bon développement des possibilités de sublimation est intimement lié à la capacité d’investir des systèmes de valeurs qui transcendent les besoins narcissiques, le potentiel à la sublimation du patient est un élément important. [Si ce n’est que cela qu’il faut entendre par sublimation, il me semble remplir la condition à merveille : nihil mihi! Comme je l’ai dit et répété, si je ne parle que de moi, c’est qu’il s’agit du seul intérieur auquel j’aie accès direct; mais je ne consens à m’intéresser à moi-même que si je suis objectivement intéressant : si ce que je dis a une dimension au moins groupale. Si je ronchonne que les éditeurs ne lisent rien, c’est que des chefs-d’œuvre (dont mes bouquins ne font probablement pas partie) restent au caveau : auteurs comme lecteurs devraient se sentir concernés. Ce qui me paraît irrémédiablement particulier, je ne prétends pas le trouver négligeable : il m’importe fort, par exemple, de savoir si je suis exclu du baisable à première vue. Mais ce malheur ne présente d’intérêt que si les exclus forment un ensemble significatif : ma propension, c’est d’aller à la généralité, et de considérer que dès lors qu’il y a des parias, des chefs-d’œuvre inconnus ou des laissés-pour-compte, il importe peu que j’en fasse ou non partie. “Ich bin ein Berliner”, “Nous sommes tous des Juifs allemands”, etc. De même, il me semble plus intéressant de savoir si l’empathie est ou non un mythe que si j’en suis ou non doté; et cexé que l’amour, plutôt que si j’en éprouve pour telle ou telle. Etc, etc : à lire Kernberg, sous ce rapport, je jouirais d’un excellent pronostic de guérison. Le doute est permis! [Pas mieux en 2017.]]

 

    Contrairement à l’extrême importance des facteurs pronostiques qu’on vient d’envisager, la tolérance à des réactions de deuil et de dépression et la prédominance d’un potentiel de culpabilité au lieu d’un potentiel de rage paranoïde, dans le transfert, sont beaucoup moins importants. Encore moins importantes, sur le plan pronostique, sont les manifestations non spécifiques de la faiblesse du moi, manque de contrôle pulsionnel, manque de tolérance à l’angoisse, et même capacité de régression à des processus primaires de pensée, si et lorsque le patient ne fonctionne pas sur un niveau limite manifeste. Ceci nous conduit aux limites de l’approche strictement analytique chez certains patients qui ont une personnalité narcissique, en particulier l’effet désorganisateur que l’analyse peut avoir chez les patients narcissiques qui fonctionnent sur un niveau limite manifeste. Pour de telles personnes, je considère que cette thérapie est habituellement contre-indiquée. [On commence à le savoir par cœur. Inutile de revenir sur la rage paranoïde qui m’agite à l’encontre de tel ou tel, avant l’étape de la résipiscence, et peut-être pour l’autoriser. Chez moi la culpabilité n’arrive qu’avec une sage lenteur, et je la crois au service de l’omnipotence : je récupère le tort après coup, pour n’avoir pas subi. [Après dix mois de décantation, c’est chose faite pour l’éclat consécutif aux obsèques de mon père. Mais je crois prudent de ne pas trop gratter.]]

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