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Inventaire avant liquidation

[Diagnostic différentiel, suite : deux exemples]

26 Octobre 2017 , Rédigé par Narcipat Publié dans #61 : Narcipat?

 

    Les deux cas suivants illustrent la présence de défenses narcissiques au sein de personnalités non narcissiques. Le premier, une patiente avec une structure hystérique, était convaincue, quoique ce fût profondément refoulé, que sous ce qu’elle considérait comme un corps et un sexe laids et dysharmonieux, il y avait le corps et le sexe d’une femme unique, extrêmement belle, à laquelle les hommes se devaient de présenter leurs hommages. Plus profondément donc, elle se vivait en fantasme comme la femme la plus attirante de la terre, une “déesse-reine-mère” qui pourrait parvenir à une relation parfaite avec un “père-mari-fils” grand et idéal. Dans le transfert, elle voulait bien donner son amour au père-analyste si en retour celui-ci se conformait à cette image parfaite qu’elle avait d’elle-même, en l’admirant et ne doutant jamais de sa perfection et de son intégrité. La patiente sentait que les interprétations de l’analyste menaçaient cette image d’elle-même, représentaient une grave atteinte à son estime de soi et étaient une critique destructrice qui entraînait une dépression très intense. Lorsqu’on lui fit remarquer son attitude désobligeante et hautaine à l’égard de l’analyste, un élément de cet élargissement de soi narcissique, elle se mit en colère et se déprima. Elle ressentit alors l’analyste comme une image paternelle narcissique grandiose et seulement préoccupée de soi. [Est-ce pour cette analogie que je m’inflige le pensum de copier ce cas? Après tout, le narcissisme pathologique paternel, c’est moi qui l’affirme! Simple défense et contre-attaque? Ses interprétations (genre : « Tu dis ça pour faire le malin ») menaceraient-elles mon image de moi-même? Originairement, nul doute… Mais le mal vient de plus loin [– même si ce n’est pas de mon premier semestre à l’air libre!]] Sa réaction représentait en partie la manière dont elle avait réellement ressenti son père au cours de son enfance au plus fort de son conflit œdipien. Déçue par ce qu’elle percevait comme des “attaques” du père-analyste, elle se sentit alors perdue et rejetée par ce père idéalisé, et en fantasme vaincue par les autres mères-femmes idéalisées, dans la compétition pour obtenir ce père. Ainsi se développa un transfert œdipien dans sa totalité. Ce transfert émergea après la résolution de ses défenses narcissiques qui finalement provenaient de son envie du pénis. À aucun moment, elle ne dévalorisa complètement l’objet transférentiel ou n’oscilla entre des distorsions paranoïdes du transfert d’origine orale d’un côté et un retrait narcissique dans une idéalisation de soi plus primitive de l’autre. Parce que ces derniers éléments manquaient, nous pouvons conclure que ces résistances narcissiques dans le transfert ne reflétaient pas une structure narcissique de la personnalité. [Résumons :  la bonne femme a un self grandiose de derrière les fagots. Elle voudrait être avalisée comme sublime par l’être exceptionnel, le substitut-du-père qu’est l’analyste. Avec ça, elle n’est pas “structurellement narcissique” : pourquoi? Parce qu’elle encaisse assez vite le déboire d’être rejetée et déchue de son rêve, et que le transfert marche. À ce compte, le narcipat semble se reconnaître au fait qu’il est inguérissable! du moins par l’analyse… et le psy me semble ici juge et partie : si son interprétation n’est pas acceptée, c’est nécessairement du fait d’une “projection paranoïde” : on gagne (et le patient perd) à tout coup à ce petit jeu. J’avoue qu’un pareil exemple me rend perplexe, et que j’en viendrais à remettre en cause mon auto-diagnostic, vu que la dévalorisation de l’autre est fort loin chez moi d’occuper tout le terrain : papa est certes internalisé comme un gros con, ça ne m’empêche pas de me désoler, encore actuellement, d’être rejeté, ni de boire du petit lait au moindre embryon d’approbation d’un père de chair et d’os qui a pourtant un pied dans la tombe et les neurones en déroute. Le moindre débile qui me marche dessus m’empêche de dormir, et je verrais plutôt un progrès dans une dévalorisation raisonnée. D’autre part, tout mon effort va non pas à faire des clones, qui ne me procureraient qu’ennui, mais à trouver un autre contenant, et réhabilitant… Nous ne sommes pas au bout de nos peines, et ce qui frappe, c’est que le psy semble s’attacher avant tout à restituer à son patient une aptitude au malheur. Peut-être la jouissance et la créativité font-elles partie du paquet-cadeau, mais ce n’est pas évident du tout.

    Si tous les moi-je, tous ceux qui surfont leurs qualités et leur rôle, étaient des malades, la terre serait un vaste hosto psy, entendu. Ce qui me semble occulté, quasiment forclos, c’est la réciprocité… À suivre.]

 

    La seconde illustration d’une défense narcissique est fournie par un patient obsessionnel. Il était tout à fait désagréable envers le thérapeute, se délectait de ses propres interprétations de son matériel, et considérait l’analyste comme un spectateur en fond de toile dont la fonction était d’applaudir et d’admirer ses insights et ses interprétations. [Je m’y vois d’avance! Tout craché!] Toutefois, lorsqu’on explora à fond cette attitude, et que le patient fut confronté de façon répétée à cette attitude défensive, une nouvelle attitude, plus profonde, se dégagea dans le transfert. Dans cette nouvelle facette du transfert, le patient regarda l’analyste comme une image maternelle, froide, indifférente, inaffective, et éprouva des sentiments de tristesse et de solitude qui traduisaient l’espoir et l’attente infantile de sa mère idéalisée. [Mais j’ai déjà tout cela, en alternance ou simultanément… Il faudrait être maso pour se tenir à un ressenti désagréable, et assurément pas plus vrai!] Dans cette seconde illustration également, lorsque tombèrent ses défenses narcissiques, d’autres attitudes émergèrent dans le transfert où le patient maintenait une relation d’objet différenciée, ne dévalorisait pas l’objet ni ne prenait la fuite devant une image de soi idéalisée [Ce que j’aimerais savoir, c’est ce qu’il y gagnait.] En résumé, les deux cas développèrent dans leur transfert des relations nouvelles différenciées après que furent résolues les défenses narcissiques, tandis que le patient narcissique, lui, ne peut pas reconnaître l’analyste comme un objet indépendant. [Désolé, mais un con est un objet indépendant! Je ne comprends toujours pas. [J’ai sans doute mieux saisi par la suite que les “cons” sont indifférenciés et dévalorisés comme tels. Quant au “non-con”, il est perçu comme alter ego, indépendant certes, mais copie du soi pour les traits essentiels. L’ennui, c’est que, sept ans plus tard, non seulement je ne vois pas d’alternative praticable (la tolérance et le soi-disant respect n’étant pour moi qu’une forme de dévalorisation), mais je persiste à tenir cette approche de l’autre pour la plus saine, la plus ouverte, la seule tentative de compréhension possible. Un psychanalyste qui colle l’envie du pénis à toutes les femmes, et estime que l’analyse progresse quand elles l’acceptent, n’a en tout cas aucune leçon à me donner.]] Continuellement et obstinément il le regarde comme une simple extension de son propre concept de soi, quoique dans le cadre de cet axe transférentiel il puisse y avoir des fluctuations de la régression.

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