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Inventaire avant liquidation

[Que sont nos amis devenus?…]

26 Juillet 2015 , Rédigé par Narcipat Publié dans #42 : Cacatalogue II : Heptamerdon

– Et les autres convives?

– Noble Homme Albéric Pilorre de Mirebeau, et Madame, Aurane née de la Sacquebutte…

– Mon vieux, ne chahute pas la gentilhommière! J’ai une dette envers lui…

– On sait laquelle.

– M’étonnerait.

– Paries?… La bombe, c’était toi, non?

– Y a prescription. En tout cas, il ne m’a pas vendu, et dans ce milieu de petits mouchards, ça mérite une révérence. […] 

– Et t’as revu Pilorre depuis?

– Jamais.

– Je crois que les Jésuites l’ont bien maté; sur ce, son père est mort, le rôle était à reprendre, il n’en a pas laissé une miette aux chiens! Je l’ai rencontré, je sais plus, vers 73-75, par là, à la bibliothèque de Tours, où il était censé faire son droit, environné d’énormes grimoires. Je me dis : pas possible, Pilorre qui bosse! Je vais aux renseignements… Il faisait des recherches, en effet… sur sa famille! Pas bêcheur, remarque : quand on se situe si haut, on peut tendre la main au manant. Il m’a emmené à une réunion royaliste…[…]

– C’est marrant… On tombe sur le cul que les gens aient changé, mais c’est plus abasourdissant encore qu’un gamin soit resté le même! Tu te souviens de sa formule : “Un petit Monsieur Dupont, qui aimerait bien s’appeler du Pont”…

– La même! La même! Il nous l’a ressortie samedi dernier!

– C’est effrayant, cette monomanie. Il était persuadé que la roture entière était jalouse

– Il l’est toujours! Et il ne se trompe pas de beaucoup… Elle est jalouse de son fric.

– Il en a tant que ça?

– Peut-être un peu moins, mais les fortunes foncières, ça fait toujours impression… Le Clos-Pilorre, c’est pas du picrate de prolo! Et puis les bois, les fermes, l’écurie de courses… que des tocards, mais justement : faut avoir du flouze à perdre.

– M’a jamais invité chez lui.

– Le papa n’aurait toléré qu’à partir de la progéniture de colonel.

– Et pourtant le fiston faisait équipe de bandits avec le rejeton d’un mécano… C’est beau, l’école publique…

– Tu trouves? On en sort, et c’est comme si elle n’avait jamais existé… Quoiqu’avec Pilorre on ne sait pas : il serrerait peut-être la main à Lopez dans la rue – ou au parloir d’une maison d’arrêt; au fond, il ne prend de haut que l’aristocratie républicaine – et encore! avec des ménagements quand elle roule sur l’or! C’est les fonctionnaires qu’il peut pas blairer : au Lycée, c’est la terreur.

– Il a de l’arriéré à liquider… Il est toujours là, Lopez?

– Mais… tu plaisantes?

– Non, pourquoi?

– T’es quand même flic, t’as pas appris?…

– Oui, il avait fauché quelques bagnoles… Six mois de cabane? Un an?

– Mais il a fait beaucoup mieux que ça, mon vieux! Un coup de génie! Enfin, plutôt banal, en fait, mais imparable! Il a fait inscrire au Registre du Commerce, à Marseille, une société Lopez de vente par correspondance, spécialisée dans l’artisanat : compte en banque, boîte postale, tout bien… Et un catalogue qui était un chef-d’œuvre! J’en ai vu un exemplaire, je l’aurais reçu, j’achetais aussi sec! Des armes pashtun, des marionnettes balinaises, des tam-tams, des ponchos, des kimonos japonais fantastiques, du tapis, de la poterie et du cuivre en veux-tu en voilà, des trucs que tu ne vois jamais, à moins d’aller dans les contrées qu’il faut, et à des prix méga-concurrentiels, avec superbe cadeau pour plus de mille balles d’achats, et un autre pour qui répondrait dans les quinze jours…

– Éculé.

– Oui, mais ce qui l’est moins, c’est qu’il ne possédait que les exemplaires photographiés, ou même pas, et qu’au bout de quinze jours, il a mis la clef sous la porte et s’est tranquillement envolé pour le Venezuela, avec au moins un milliard de centimes en poche! T’en as jamais entendu parler?

– Ça date de quand?

– Me souviens plus. Trois quatre ans… J’étais au bout du monde : on m’a raconté après.

– Je devais chanter à Fontgombault. On l’a pas alpagué?

– Volatilisé! Possible qu’on l’ait descendu là-bas…

– Oui, c’est pas le tout d’avoir un milliard dans la fouille, faut le protéger après…

– Je te dis un milliard, c’est peut-être le double, le triple! Figure-toi qu’il y avait une version allemande du catalogue, il a dû le distribuer à deux cent mille au moins… Rondeau y est allé de ses quinze cents balles, et l’a conservé… Personne n’avait porté plainte, les flics ont été alertés… par la poste! La boîte craquait de chèques : s’il s’était attardé, il aurait pu doubler la rafle! Et le plus comique, c’est que quand tu sais combien ces choses-là coûtent dans leurs pays d’origine, tu te demandes si l’entreprise n’aurait pas été viable!

– Deux cent mille exemplaires, faut quand même une mise de fonds…

– Je peux pas te donner le détail, la presse est restée très discrète, paraît-il, peut-être pour ne pas donner d’idées aux chômeurs…

– C’est pas con, l’artisanat. Il aurait concurrencé les grandes boîtes, elles auraient diligenté une enquête; mais là, en effet, il jouait sur du velours.

– Paraît qu’il sortait une valise de liquide par jour, il avait expliqué au banquier que les artisans préféraient être payés comme ça…

– Joli! Moi, tu sais, ce type me fascinait. Je me souviens d’une bagarre avec ce grand con de hollandais, Van Winckle, on se serait cru dans un film de samouraï : l’un qui agitait les bras comme un sémaphore, et l’autre qui répondait par des mouvements d’esquive au millimètre… Mais bon, merde! C’est pas lui qu’a enlevé Claire, ou qui lui a fait sa fille! Au turf! On est à six : qui faisait le septième?

– Le bibliothécaire. Le mari de Béa. Un mec maussade, détraqué, inquiétant, la parole rare, le regard fuyant… Et ce qui frappe, c’est que dès le lendemain on le retrouve à Ste Marie! Il n’en est pas à son coup d’essai, d’ailleurs…

– Je suppose qu’on l’a cuisiné…

– Ça dépend des toubibs. Le certain, c’est que quatre jours ont passé, et que le brillant commissaire Larmoigne continue à me cuisiner, moi. Je suppose que si l’affaire était solutionnée…

– Si Claire a filé avec un gigolo, ceux qui restent sont hors de cause! Et d’ailleurs y a pas de cause du tout!

– Non. Seulement voilà : on a trouvé du sang dans la cuisine, du sang humain, qui correspond au groupe de la mère et à celui de la fille. Très peu de sang, paraît-il, peut-être une égratignure qui date d’un mois… Seulement, ni l’une ni l’autre n’a donné signe de vie depuis… »

 

    Nouvelle digression sur Marie-Ange, qui n’assistait pas au repas, et qu’Alain trouve parfois trop bien éduquée, à faire froid dans le dos!

 

  « Si c’est de la manipulation, c’est du grand art – et un grand art qui glace à treize ans.

Grand art que nous trouvions tout naturel il y a un quart de siècle! C’est ta fille?

– Mais… T’es complètement fou!

– C’est pas une réponse, mon pote.

– Mais de quinze ans j’ai pas rencontré Claire! Qu’est-ce que c’est que cet enquêteur?

– Un paumé qui n’arrive pas encore à se rendre compte si c’est Rondeau ou Pilorre que tu veux me placer comme papa! Mais t’es prévenu : tout ce que tu ne diras pas séance tenante pourra être retenu contre toi!

– Eh bien, j’ai gagné au change, à ce que je vois!

– Rien! D’ailleurs, c’est pas un change, c’est un ajout. Est-ce que Claire était ta maîtresse, ou non? Le compte à rebours est commencé…

– Mais non, non, connard! Y a des millions d’autres femmes!

– Sept… six… cinq… quatre et demi.

– Je l’ai baisée une fois, en 67, à la fête du Bac, sur une table! Ça ferait long pour la conception!

– Eh ben, on le dit!

– Allez, t’es malade, et n’en parlons plus. Si tu veux établir une liste exhaustive, crois-moi, je te conseille de demander carrément ta mutation ici! Qu’est-ce que tu t’imagines donc?

– On n’entre pas! […] Tu me fais peine, mon vieux. Ta voix tremblote comme celle d’un voleur de mob chopé en flag! Je veux pas la mort d’un copain sous le chef d’avoir tringlé pendant que je rêvais! Qui avait la meilleure part, d’ailleurs, ça reste à débattre. Mais je te mets loyalement et énergiquement en garde contre les développements d’une investigation qui va m’échapper dès que j’aurai causé à d’autres! Si tu les as estourbies toutes deux et balancées à Bellebouche avec un quintal de lest, tu le dis, et je m’en vais cuver ailleurs un chagrin modéré…

– Merde, mais toi non plus, t’as pas changé! Tu t’en fais un cinéma! Il te faut ta ration d’horreur, comme dans tes rédacs! J’aurais cru que l’horreur réelle guérissait de ça…

– Ah! On y est sans doute trop rarement confronté. L’ordinaire, c’est plutôt le sordide… »

 

    Les dialogues, au moins, se lisent : jamais ils ne m’ont procuré un soulagement aussi vif que dans ce bouquin aux trois quarts oublié. Et l’aisance de lecture fait écho à celle d’écriture. Mais ils ne sont pas assez substantiels; on ne peut s’y piquer de caracoles syntaxiques, qui sonneraient invraisemblables ou cuistres; et il ne me viendrait pas à l’idée d’en faire figurer un seul dans les cent plus belles pages, que ce soient les miennes ou celles d’autrui. Cela dit, avançons, ou je vais passer des citations à l’intégrale.

    Alain a quelque chose à se reprocher, à en croire son journal intime, dont je donne d’un peu trop longs extraits. Mais c’est aussi le cas de Rondeau, selon Dame Pilorre : « Madame… vous pensez à la petite? – Je préfère ne pas penser. Mais ce porc, à peine arrivé, s’est éclipsé en lançant à la maîtresse de maison : “Ne te dérange pas : je connais le chemin!” Avouez que d’emblée… Le sans-gêne n’empêche pas de prendre ses précautions! C’est au bout de dix bonnes minutes qu’elle s’est levée à son tour… et on l’a vu revenir, lui, assez rapidement, les cheveux en désordre et la chemise mal rentrée… [Le mari :] – Oh là là, quel feuilleton! – Elle n’a reparu qu’après un certain délai… Furieuse, Monsieur. C’est une femme qui sait se contenir, mais ses mains tremblaient. – Bon Dieu, le saligaud! Tu crois?… – Tu connais sa réputation. – Brûlé vif! Ah, ça n’aurait pas traîné sous Louis XIV! » Mais Rondeau, lui, affirme n’avoir rendu à la gamine, étonné de ne pas la voir à table, qu’une visite compassionnelle, et débine Permeloire qui, suppose-t-il, l’a dénoncé : « Pour qui sait voir autre chose que du fait-pervers invraisemblable! – Tu sais, le vraisemblable, c’est une convention…– Et pourquoi Marie-Ange échapperait-elle aux conventions? Enfin, regarde-moi! Ou je la viole, ou je la paie – cher! – Eh bien?– Eh bien, ni l’un ni l’autre! Ou elle crie, ou elle dépense l’argent, voyons! De toute façon, ça se sait! Permeloire ne sait rien; alors, pour tout dominer, il se contente de surenchérir à tout hasard… J’ignore ce qu’il y a entre vous, mais ce type est littéralement obsédé par les perversions les plus rares et les plus répugnantes : coprolagnie, bestialité, nécrophilie, si tu le mets là-dessus, n’oublie pas le casse-croûte! À condition d’avoir l’estomac bien accroché! – Jamais remarqué. Toi, en revanche, jadis… – J’avais des curiosités, réelles, que j’ai pour la plupart assouvies! Je n’ai jamais porté les perversions au pinacle pour me disculper de mes insuffisances! – C’est son cas? – On dirait. Il a tout du môme qui a étudié la sexualité dans une encyclopédie! » Soit dit au passage, ça ne cessera pas : il est impossible de se fier à un personnage, la certitude du moment est retoquée une heure plus tard, et “la vérité”, même ultime, n’aura aucun caractère définitif : comme dans la vie, et je ne m’en fais pas grief, c’est en somme ma thèse. Mais en tant que lecteur, ça m’agace, et je ronchonne au procédé.

    Buû continue sa tournée par le Dr Trappe, qu’il surprend avec sa bonne, et qui lui révèle que l’enlèvement a, tout bonnement, un but lucratif : les ravisseurs ont écrit et téléphoné. Claire a refusé de parler, on lui a donc passé Marie-Ange, qui lui a dit de ne pas s’inquiéter. La police locale est au courant. Certes, des ébats ancillaires suivant de si près la disparition de sa femme pourraient paraître suspects, mais depuis longtemps, Claire et lui, “comme bien des couples”, se sont entendus pour une simple préservation des convenances…

    Autre facette avec le “roman” qu’Angélique destine à son prof, Mireloup, lequel fait figure, ou peu s’en faut, de leader de la gauche locale; les experts n’arriveront pas à établir si sa voix est bien celle, enregistrée, du ravisseur. Angélique rend compte de l’enquête opérée par les teen-agers, et, distance aidant, je n’ai pas retrouvé la gêne que j’éprouvais à rédiger ce faux pastiche d’élève-modèle : « Car je compte faire “d’une pierre deux coups”, et puisque mon premier projet n’a pas eu la chance de plaire à Monsieur, je vais en commencer un autre (ou plutôt le continuer, car c’est celui-çi), et les autres vont tirer une de ces têtes quand elles s’apercevront que j’ai utilisé leurs renseignements pour me tirer une bonne note… Ne disons pas de chiffre, cela porte malheur, mais il me semble que je suis bien partie, non? (C’est beau la modestie!) C’est du « vécu », comme vous dites, ou alors je n’ai rien compris! Vous m’excuserez de vous vouvoyer, mais pour moi un prof est un prof, et je ne veux pas prendre de mauvaises habitudes pour la seconde. Si vous croyez que ceux qui vous tutoient sont vos meilleurs amis, vous vous “fourrez le doigt dans l’œil jusqu’à l’anus”, comme vous le dites si bien, ou plutôt si salement. », etc. Bon, ça sonne faux, comme la plupart des textes d’adolescents,  mais, j’en conviens, pas le faux qu’il faut : j’ai refusé de me fatiguer pour obtenir une imperfection plausible; quand on a dans l’idée de rendre des gosses coupables de demande de rançon, voire de matricide, le contrepoint d’une gosse à qui les gosses ne la font pas aurait pu s’avérer une bonne spéculation, et j’aurais dû au moins utiliser quelques souvenirs encore frais de leurs romans : la réalisation n’est pas à la hauteur. Mais à ce stade, c’est déjà un ratage que je m’efforçais de réparer, ce qui n’incite pas un mégalo à l’effort. Du reste, toutes les imitations d’ados et/ou d’incultes sont encore plus bidons que les miennes. Oh, ces fautes d’orthographe que personne n’a jamais commises! Et puits, c’est pas pour les euillets, tant pit s’ils crève, set que des fleurs : et c’est Pagnol, un rejeton d’instit’, qui nous la baille aussi belle! Mais on n’a pas envie de se casser la tête pour faire des fautes qui fassent vrai…

    Tôt le matin, Buû, qu’héberge Alain, s’étonne de voir Béatrice Flétrineau, “la Béa du Saint Porphyre” (un bistrot qui se dresse face à l’église, et reçoit les mécréants lors des enterrements) apporter la petite enveloppe mensuelle avec quoi elle est censée régler à tempérament la ferme qu’Alain a héritée de sa grand-mère. Après une visite au collège et à son ex-condisciple Mireloup, qui considère Mme Trappe comme une maîtresse-chanteuse, Buû se présente au Saint Porphyre pour cuisiner Béa :

 

 

« Ça ne te gêne pas trop de verser tous les mois… combien, au fait?

– Non, je m’en sors.

– Béatrice! Je sens que t’as besoin d’un topo sur Buû, sa vie, ses œuvres : je suis là pour chercher Claire, un point, c’est tout! Et je n’ai de comptes à rendre à personne! Si t’es franche avec moi, ça restera entre nous. Et même si tu sais où elle est…

– T’es maboul!

– Qu’est-ce que tu caches, merde? Si ton bar sert de couverture, accouche! Je m’en contrefous, tu comprends ça? Si les gens veulent se camer, ça les regarde… à condition qu’ils aient l’âge de raison. […] C’est le secret de Claire, qu’est trop grand pour toi?

– Quelle histoire!

– Tu le connais, le papa?

– Quel p-

– Allons! Celui de Marie-Ange…

– Mais qu’est-ce que ça peut te foutre?

– Eh bien, c’est romanesque, j’en conviens, mais on est bien obligé de se demander s’il ne serait pas revenu

– Ah ah ah! Parce que tu t’imagines qu’elle le connaissait, elle?

– À ce point? »

     Elle jette un œil dans la direction du vieux, atone et probablement sourdingue, baisse quand même la voix :

 « Écoute, Buû, je vais te dire un truc qui va plus t’étonner que te plaire… Mais après tu me fiches la paix, tu m’entends? J’ai bien assez de soucis pour qu’on ne vienne pas me briser les miches avec une histoire qui ne me concerne en rien!

– Déballe toujours. Si tu m’étonnes vraiment…

– Marie-Ange, elle a au bas mot une trentaine de pères possibles!

– Non?

– À deux cents francs pièce – tarif de l’époque!

– Je t’ai comprise, là?

– Sûrement… T’es si intelligent!

– Et t’étais aux premières loges pour apprendre ça? Une trentaine, c’est un chiffre en l’air? Dans les conditions du trottoir…

– Elle faisait pas le trottoir. C’étaient tous des habitués. Ils se repassaient ses coordonnées… […]

– Alors y avait trente Sanctimerdeux qui connaissaient ce passé-là, qui l’avaient touché… du doigt. Qui étaient en position de lui dire : ou tu te recouches, ou je parle.

– Ça se passe pas comme ça. Des vieux cochons, d’accord! Mais quand même corrects. Évidemment, y a parfois des sourires en coin… Mais la plupart, tu sais, ils sont pas libres… Ils ont plus à perdre que leur partenaire. Personne n’a parlé à Laurent : je le saurais.

– Et à Trappe?

– Pas besoin.

– C’était un des trente?

– Je crois.

– Pleinement conscient de l’existence des vingt-neuf autres?

– Comm– Ah! Oui! Enfin, de vingt ou vingt-cinq, je sais pas…

– Des-noms! Des-noms!

– Comment veux-tu? Je ne sais que ce qu’elle m’a confié. Et j’en ai oublié les trois quarts.

– Désolé, ma belle, t’en as trop dit pour ne pas tout dire. Tu te rends bien compte que si eux n’ont pas fait chanter Claire, la réciproque est loin d’être établie! Que les huiles soient des crypto-putes, ça se voit tous les jours; mais que les putes classées deviennent des huiles…

– C’est sûr qu’elle a dû en jouer auprès du maire… Mais c’est à double tranchant.

– Un.

– Ah, tu m’emmerdes! T’attends pas une liste, tout de même?

– Si.

– Buû.

– Quoi?

– Numéro deux : Buû.

– Comprends p

– Mais si, tu comprends : Buû Simon. Ton papa. »

 

        Un “coup de théâtre” auquel on peut reprocher 1) son déjà-vu poussiéreux, aggravé par l’invraisemblance et l’impréparation; 2) de n’avoir de résonance que sur le personnage, au sein du mythe personnel de l’auteur – le lecteur n’en ayant rien à cirer; 3) d’être trop peu “suivi” : Simon Buû fera deux apparitions par la suite, une téléphonique et une de chair et d’os, castratrices à souhait, mais de faible intérêt, bien qu’il y “confirme” que Marie-Ange est sa fille, ce que Buû fils croira jusqu’à la dernière ligne, Béa lui ayant avoué qu’elle avait inventé de toutes pièces le parcours prostitutionnel de Claire (Corbigeau, le maire-forban, à quelques pages de la fin : « C’était bien joué : de l’intoxe à sa mesure. S’il avait conçu les soupçons lui-même, il n’y aurait pas renoncé pour un empire! Les lui pré-fournir, c’était la meilleure façon de les faire avorter. »)

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