Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Inventaire avant liquidation

[Escalade et clash]

15 Juillet 2015 , Rédigé par Narcipat Publié dans #16 - 17 : La Lettre au Père - Un traître

     Je ne vais rien vous cacher : votre dernier mail a enfin réussi à me vexer, surement parce que la critique que vous me faites est plus pertinente que celles que vous m'aviez faites jusqu'à présent. Pour l'instant, vous aviez critiqué ma façon d'écrire, ma nulité dans les études, etc... Mais à présent, vous vous attaquez à ma façon d'être, aux faiblesses de ma personne. Finnalement, je n'en ai rien à foutre d'être nul en cours, même si j'ai eu mon bac (mention assez bien). Mais m'apercevoir que j'ai un mauvais fond, ça me ronge.

     Je me suis par la suite dit que vous m'aviez si durement critiqué par simple jalousie, ce qui est fort possible, vous avez critiqué la façon que j'ai de baiser sans même la conaître, surement parce que vous n'avez jamais baisé et vous ne baiserez jamais avec une fille qui ait un corps comme celui de Lydie. Enfin je ne vais pas continuer sur cette voie, je risque de vous blaisser (et ne me répondez pas qu'il vous en faut bien plus pour vous vexer, parce que depuis toujours vous avez dit ça pour essayer de cacher cet aspect sensible de votre personne dont vous semblez être si honteux). Je suis peut-être égoïste, mais vous êtes faux cul. Vous sentez que je suis énervé contre vous, mais vous vous trompez. Je vous remercie de me critiquer pour que je puisse reconnaître mes erreurs.

     Vous me dites qu'on peut cesser d'être égoïste si on est intelligent et si on sait s'apercevoir de ses propres erreurs. Pas du tout. Vous ne dites même pas ça pour me soulager, mais pour vous soulager vous même, parce que vous devez être quelqu'un d'assez égoïste, et vous ne supportez pas de vous dire que vous le resterez pour toujours.

     Je dois filer. Ecrivez lui si vous voulez. Vous pouvez lui écrire ce que bon vous semblera ; même si ça casse tout. Finnallement, je n'ai plus rien à lui cacher. Je vous laisse son adresse : […]

     Le plus stupéfiant, c'est que je jurerais que c’était la bonne! Avant que je n'eusse le temps de répondre, coup de fil de Marquise, que j'accable de reproches, et qui me demande pardon pour avoir raconté Barcelone, en peu de minutes et de mots, mais nullement, elle le jure, avec les commentaires qui lui sont prêtés. Joaquin vient de lui envoyer un mail bizarre, où il lui propose le tutoiement, ce qu'elle trouve bien impertinent. Le lendemain, avant de partir pour la plage, je lui donne un aperçu très expurgé des abominations que la rage m'a arrachées, et elle me révèle, un peu tardivement, que le traître lui propose l'envoi de tous mes mails! « Si tu lis ça, demain, on ne se connaît plus. – Je vais refuser. – Il les enverra sans attendre ton accord. – Je ne les lirai pas. » À y repenser d'ailleurs, qu'elle eût souffert la proposition n'était-il pas suspect? Qu'une nana qui a mis deux ans à se taper un ou deux Buû collectionne ce qui tombe de ma plume, et ne lui est pas destiné, il serait par trop ballot de le croire! Pourtant elle me parut sincère lorsqu'elle soupira qu'elle m'avait nappé de louanges, et trouvait bien injuste qu'une si légère défaillance avinée…

     Tout bleu de le perfidie du saligaud, unique dans ma vie, du moins dans ce qui est parvenu à ma connaissance, mais enchanté qu'il fût démasqué à temps, je courus au clavier :

     Toujours vierge de blessure, tu m'en vois bien marry. La pertinence manque par trop, tu ne comprends même pas ce que je te reproche, et “merci de me critiquer pour que je progresse” tient dans ta bouche du discours vide : formule toute faite de l'écoute ostensive, qui masque mal la fureur et le désir de vengeance. Et comme d'homme à homme tu as à peu près autant de chances qu'un ver face à un tank, il n'y a plus, n'est-ce pas? qu'à s'inspirer de la "Zizanie" d'Astérix (tu vois que je m'efforce de coller à ta culture) et à jouer le coup par la bande… Le jeu que tu joues avec Anne et d'autres sans doute me fascine par son extrême ignominie (l'étape suivante, ce serait d'envoyer mes mails aux flics) et plus encore par le déséquilibre mental qu'il trahit; car "divide et regna", soit, mais toi, comment pourrais-tu prétendre régner? Que tu réussisses ou non dans tes perfides entreprises, on te jettera comme l'outil malpropre de la division, un peu comme les flics traitent les indics tout en se servant de leurs infos. Ce que je fais hic et nunc : tu es intéressant comme cas pathologique, mais quand on tombe sur un serpent à sonnettes, l'étude qu'on pourrait faire de ses moeurs est subordonnée à la nécessité de se garer de ses morsures. Or je ne puis désespérer, c'est mon vice, d'aucun être humain, mais nel mezzo del cammin' d'une longue vie, il me semble bien que tu sois la pire ordure que j'ai rencontrée à ce jour. Donc adieu salaud.

     Ici se loge un interlude de perplexités assez cocasses, vues de loin. Je passai l'après-midi du 10 juillet avec Lionel et Marquise, à qui j'entr'ouvris mes albums pour la première fois, aux pages Guyane, et puis Kathlyn, et puis Hélène, et puis ces photos de Maurice, ô que trompeuses, où, vêtu d'un kimono bien lâche et fort décolleté, je suis entouré d'une grappe de filles… Kathlyn, boudin classé, fut jugée “bien mieux” qu'Hélène! La veille, j'avais donné à Marquise la seule photo que j'eusse prise d'elle, et qui certes n’aurait jamais eu les honneurs d’un album… Comme à l'accoutumée, j'esquisse des ombres, et point n'en est besoin pour l'occasion; mais elle eût peut-être jugé plus pardonnable le dénigrement de son sex-appeal par un puceau enragé… Elle m'invita à les rejoindre le soir, et je me défilai; ajouta qu'elle me téléphonerait le lendemain; et c'est moi qui le fis, annonçant au répondeur mon passage vers midi : quand je m’exécutai, nul ne répondit à mes coups de sonnette, et je me le tins pour dit, mais en gardant un doute. Le soir, voilà de quoi je pris connaissance :

     Je ne sais pas si vous prendrez la peine de lire ce mail. Je crois vous avoir vexé, avoir mis le doigt sur la plaie. Enfin, vous voyez à quel point je suis une ordure... Et oui, j'en suis une. Enfin tampis, une fois de plus une relation que j'aurai aimé entretenir tombe à l'eau, mais je me dis que si la personne ne s'intéresse pas à mon cas pathologique, c'est parce qu'elle a peur de moi. Allez-y, montrez mes mails aux flics (entendre dire tous ces propos dégradants envers les forces de l'ordre et s'apercevoir que la personne en question ne s'avère être rien d'autre qu'un "collabo".)

     Enfin bon, je m'en veux quand même, mais je crois que vous avez trop longtemps fait samblant d'être dur. j'ai été dur avec vous, et j'ai fini par vous faire mal, et du coup je m'en veux, mais ne voyez vous pas à quel point vous avez été dur en me disant que je n'avais pas assuré au lit?

     Ce qui est fait est fait. Désolé quand même pour le mal que je vous ai causé.

     Eh oui : le doute, ou presque. Était-il possible qu'un coupable déraillât à ce point? Admettons qu'un pervers vous débite des protestations d'affection tout en vous poignardant dans le dos pour venger une blessure d'amour-propre, qu'il affecte de vous remercier de vos sévérités pour mieux vous nuire comme et où il peut. Mais que, démasqué, il puisse feindre avec une telle habileté de ne rien comprendre à rien, de croire qu'“ordure” s'applique à sa “dureté”, et que vous vous apprêtez à le dénoncer aux flics quand vous lui dites que lui en serait capable… Si un intellect assez puissant pour feindre l’idiotie cadrait avec le personnage, il faudrait encore se demander dans quel but il en faisait usage… à moins qu'il n'estimât avoir rendu la vérification impossible? Et pourtant, Marquise ne m'avait pas menti, ni n'avait rompu sans raison du jour au lendemain : j'étais encore tombé sur un fou. Sans doute lui avait-il demandé le secret, auquel il se refusait à voir en face que sa vilenie lui fermait tout droit? Peut-être méditait-il de se venger d'elle qui l'avait brouillé avec moi, tout comme je lui aurais volontiers écrasé la gueule pour m'avoir brouillé avec elle? Oui, tout comme, ou peu s'en faut.

     Quinze jours plus tard :

      Vous êtes de ces hommes qui ne reviennent JAMAIS sur leurs décisions, je le sais bien. Vous m'avez dit “adieu” et je sais que votre adieu est définitif. je prends quand même la peine de vous écrire à nouveau pour vous dire à quel point je suis désolé de vous avoir tant déçu. Peut-être m'avez vous mal jugé. J'en doute, mais cette idée me soulage. Que vous dire d'autre? J'ai commencé hier à lire l'Iliade. je connaissais déja l'Odysée que j'ai lue dans la traduction de Victor Bérard.(je sais même plus si ça s'écrit comme ça).

     Une fois de plus, pardon pour tout. Non! Je ne me mettrai pas à genoux en vous suppliant d'être clément et de bien vouloir renouer cette liaison épistolaire. Je ne le fairai pas, parce que je sais bien que “je fairais bien de cesser de geindre que je suis malheureux et ai été indignement traité”. Faites ce que bon vous semblera. Je regrette de m'être comporté ainsi...je m'en veux, surtout quand je réalise à quel point vous avez été généreux avec moi non seulement en m'offrant vos livres, mais en me laissant cette oportunité de vous écrire. je ne crois pas que vous me répondiez. Dans tous les cas, merci pour tout et encore une fois: PARDON.

     Je n'aurais certes pas cru m'indigner un jour de cette “dérision des choses les plus saintes”! Mais se moquait-il vraiment? Ou n'avais-je affaire qu'à un esprit dissocié, à un psychopathe ordinaire dont la perception des choses était faussée parce qu'il ne pensait jamais qu'à lui-même? Il avait essayé de compter pour Marquise, et ne s'était guère préoccupé, sans doute, de ce qu'il lui envoyait… s'il avait pris la peine de le lire au préalable.

     Voilà deux mails successifs où tu sembles à tel point ne rien comprendre qu'il me viendrait presque un doute sur ta scélératesse : tant on est mal habitué à la voir mariée avec l'extrême bêtise! Simple résumé, donc, de tes actes :

1) Utilisant habilement une ou deux confidences indiscrètes d'Anne G***, tu viens me raconter qu'elle t'a dit que j'étais jaloux de Jeff (donc amoureux d'elle), que je ne savais pas parler aux femmes, etc : vérités ou erreurs qui n'ont en soi aucun impact, pauvre con, qu'elles viennent de toi ou de cet autre con de M***, mais qui me font bouillir venant de ladite Anne comme une trahison. Je réponds donc par plusieurs bordées d'injures à son égard.

2) Tu mailes immédiatement à l'intéressée pour lui proposer de lui transmettre les injures en question. Tu lui demandes l'adresse de Jeff probablement dans le même but. Parce que j'ai piqué ton orgueil délirant? Le bidonnage préalable ferait plutôt conclure à la préméditation.

3) Je suppose que tu n'as pas attendu son accord, et qu'elle n'a pas pu s'empêcher de lire, puisque je n'ai plus reçu d'elle signe de vie.

     En un sens, tu as donc “réussi” – et de ma vie je n'ai connu pire ordure : le 1 et le 2 suffisent à l'attester, la conjecture du 3 n'est qu'un supplément. Mais qu'y gagnes-tu, sinon le mépris DES DEUX? Et je suis surpris de te constater abruti au point de ne pas voir que tu es démasqué. Mais tu ne sais même pas lire.

     Réponse :

     Vous croyez vraiment que je cherche l'adresse de Jeff pour lui raconter que vous avez été jaloux de lui, si toutefois vous l'avez été??? C'est vous qui êtes tordu et pas moi!!! Si je veux retrouver Jeff c'est parce que c'était un professeur que j'admirais beaucoup, et que j'aurais bien aimé le connaître en dehors des cours. Vous faites un drame en vous basant de ce qui selon moi n'a été qu'un simple détail. Si vous me dites que vous n'avez jamais été jaloux de Jeff je vous crois, mais le problème n'est pas là. en fait je me fous pas mal que vous soyez jaloux de lui ou pas. Je suis déçu de voir des personnes que je croyais si intéressantes, cultivées et gentilles débatre sans arrêt d'histoires plates et dignes de la pire des plèbes...

     Des personnes… La gifle semble cuire sur l'autre joue! L'insistance sur Jeff d'autre part pue très fort la gesticulation de Guignol. Et pourtant le rétablissement final ne laisse pas de m'irriter : cette raclure parvient sincèrement à nous regarder de haut, et ne s'estime pas déchue de tout droit : à ses yeux, son opinion compte! Serrons :

     Bref, tu as bien envoyé mes bafouilles à Anne, pauvre petite merde. Va te pendre, et en tout cas ne te trouve jamais sur mon chemin.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article