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Inventaire avant liquidation

[Vide et Objets Internalisés; Vide, chnouf et jaja]

6 Décembre 2017 , Rédigé par Narcipat Publié dans #61 : Narcipat?

 

    Tout ce que je viens de dire sur le symptôme du vide aboutit aux généralisations suivantes. L’expérience subjective du vide représente une perte temporaire ou permanente de la relation normale entre le soi et les représentations d’objet, c’est-à-dire avec le monde des objets intérieurs qui fixe dans la psychè des expériences significatives aux autres et qui constitue un élément de base de l’identité du moi. [Et si cette base était mensongère? Et si le vide était notre vérité? Apparemment, Otto ne se posera pas la question, elle n’a pas de sens pour lui. Tout ce qui compte, c’est la Norme, qui suppose le Bien-Être. Dans ce cas, pourquoi pas Coué? « Tous les jours, à tous points de vue, je vais de mieux en mieux. » Répétez ça vingt fois au réveil et au coucher, ça deviendra vrai, tout comme, une fois reflété par son destinataire, le faux sourire que conseille Alain. Coué assure, en tous cas, avoir fait des cures somatiques étonnantes. Mais quand j’en serais certain, j’attendrais de me tordre de douleur pour essayer de l’autosuggestion, ou m’efforcer d’installer en moi des Objets Bienveillants parfaitement imaginaires… comme ma mère, par exemple, qui se prépare à la vie éternelle en dialoguant soir et matin avec le père qu’elle n’a jamais connu, et peut donc créer à sa guise.] Les patients dont l’identité du moi est normale, et par conséquent, avec une intégration stable du soi, et un monde stable et intégré d’objets internes, tel qu’on le voit dans les structures dépressives de la personnalité, en sont l’illustration dans les périodes où des pressions surmoïques sévères les menacent d’être abandonnés par leurs objets internes parce qu’ils ont le sentiment interne qu’ils ne méritent pas d’être aimés. Toutefois, dans ces circonstances, l’aptitude à des relations d’objet normales persiste toujours et peut s’actualiser dans le transfert et dans les autres expériences humaines. [Un mal fou à voir les dépressions kapokiennes, par exemple, comme l’expression d’un sentiment de culpabilité ou d’inexistence. Qu’est-ce qu’elle pouvait faire chier le peuple, et au premier rang, son infortunépoux! Mais n’est-il pas assez logique, au fond, que ceux qui doutent de mériter l’amour se rendent insupportables pour le reconquérir, ou simplement vérifier? En soulignant bien le message, naturellement, comme quoi s’ils font souffrir les autres, c’est qu’ils Souffrent eux-mêmes Superlativement. Je ne sais plus où j’ai lu qu’il n’est pas rare que les gosses qui viennent d’être adoptés dans un foyer uni avant leur arrivée fassent mille conneries pour vérifier si l’on tient à eux. Mais on dirait bien que j’ai perdu la culpabilité en route… L’autopunition ne m’est pourtant pas si étrangère que ça, surtout par sa face d’angoisse du bonheur[Mieux vaudrait vider cette soupe dans les chiottes que d’y ajouter un commentaire! L’expérience du vide provient d’une dérobade des objets internes : opiniâtrement, je rectifierais : des sujets susceptibles de me conférer l’être, ou de me le retirer.]]

 

    En revanche, lorsqu’il n’y a pas eu d’intégration du soi, et qu’il n’existe pas de relation normale entre le soi et les objets internes et intégrés, il s’ensuit une sensation plus profondément ancrée et durable de vide et d’insignifiance du vécu de la vie quotidienne. Donc, tous les patients avec un syndrome d’identité diffuse (mais non pas de crises d’identité) ont la possibilité de développer cette expérience du vide. Cette expérience devient particulièrement vive lorsque des mécanismes actifs de dissociation primitive ou de clivage constituent la défense prédominante contre un conflit intrapsychique. Les personnalités schizoïdes, chez qui les procédés de clivage sont particulièrement intenses et peuvent conduire à une dispersion et à une fragmentation défensive des affects aussi bien que des relations internes et externes où le soi et les objets se trouvent impliqués, présentent de vifs sentiments de vide. Chez les personnalités narcissiques, où les relations normales entre un soi intégré et des objets internes intégrés ont été remplacés par un soi grandiose pathologique avec une détérioration des objets internes [Est-ce faute de pouvoir se reposer sur ces foutus bons objets internes fondateurs (je n’arrive même pas à les imaginer) que le soi grandiose est en attente perpétuelle d’aval? Peut-être la plupart des gens ne se sont-ils jamais demandé, du moins après l’adolescence, s’ils n’étaient pas des cons, des nuls, des non-étants; ce qui pourrait éventuellement expliquer que ce blog effraie, quand on y trempe le doigt : on craint la contagion. [Très ado, comme hypothèse : « Attention! Vous pénétrez dans mon psychisme, et n’en sortirez pas indemnes! » Me mettre en quête de mes attraits me dispenserait sans doute de chercher les raisons de me fuir.]] l’expérience du vide est très intense et presque constante. Dans ces cas, le vide, l’inquiétude et l’ennui constituent une constellation de ce qu’on pourrait considérer comme une toile de fond de l’expérience narcissique pathologique. [Tout à fait exact : c’est la toile de fond. Mais on peuple le théâtre, ne serait-ce qu’avec une représentation du vide, de sorte qu’on ne le ressent plus jamais, ou par insights vite colmatés. Peut-être mon incapacité à la concentration ne recèle-t-elle pas d’autre mystère : toute insistance, toute application étant périlleuse.] Le vide, en résumé, représente un état affectif complexe qui traduit la rupture de la polarité normale entre le soi et les objets (les unités de base de toutes les relations d’objet internalisées). Le vide est à mi-chemin entre l’espérance, la tristesse et la solitude qui représentent l’espoir du rétablissement de relations d’objet satisfaisantes d’un côté et la régression à la fusion psychotique des images totalement “bonnes” de soi et d’objet (quand on ne peut tolérer la perte de la bonne relation à l’objet) de l’autre.

 

    [Ici, conseils de stratégie transférentielle. Aux thérapeutes, bien entendu : ce livre n’est pas destiné aux patients, et encore moins à ceux qui s’abstiennent de consulter.]

 

    Un patient qui a une personnalité dépressive peut ressentir, sous l’influence de l’alcool, une sensation subjective de bien-être et d’élation qu’il interprète inconsciemment comme une réunification à l’image parentale perdue, interdictrice, et qui maintenant lui accorde le pardon, image qui avait provoqué la sensation inconsciente de culpabilité et de dépression. [Interdictrice de quoi donc? Rejetante, donc anéantissante, dirais-je. Je persiste à penser [la formule tourne à la devise!] que la seule culpabilité authentique de notre temps ne procède pas du Mal, mais de l’insuffisance. [Même s’il en résulte une société inhumaine et invivable. Mais la plupart des autres, où le Bien était surtout prétexte à persécution, ne furent-elles pas pires?]] L’association de l’élation et de la dépression, de l’expansivité et du deuil chez les personnalités dépressives sous l’influence de l’alcool illustre cette perlaboration dans le fantasme du sentiment de culpabilité, du besoin de réparer la relation à l’objet et de la célébration des retrouvailles. [Je le retrouve en moi, mais sous mille ratures épaisses, et en maintenant mes réserves touchant la “culpabilité”.] À l’opposé, pour de nombreux patients limites, la prise de drogue active une sensation de bien-être et de bonté qui active les images de soi et d’objet “totalement bonnes” clivées et permet le déni des relations d’objet internalisées “totalement mauvaises”. Ils échappent ainsi à une culpabilité intolérable ou à une sensation de persécution interne. Dans le cas des personnalités narcissiques, l’absorption de drogue ou d’alcool consiste avant tout à “faire le plein” du soi grandiose pathologique, à préserver son omnipotence et à le protéger d’un environnement frustrant et hostile où on n’aperçoit ni satisfaction ni admiration. [Mouais… Ça me paraît pour le moins schématique. Le self grandiose trouve peut-être son compte dans l’ébriété, mais je constate surtout qu’elle me désarme, et contribuerait plutôt à restaurer les relations d’objet externes. Quand j’ai un coup dans le pif, j’aime tout le monde, ce qui semble signifier que ce que dissout d’abord l’alcool, c’est le déni rigide du désir d’être aimé. [N’est-ce pas ce que dit Kernberg en son jargon, quelques lignes plus haut… mais des personnalités-limites?] Et il ne s’agit pas seulement d’une perception subjective : comme disait Irène, je suis très gentil quand j’ai bu. Étrange à première vue, puisque l’outrecuidance se donnerait plutôt plus libre cours; mais elle passe mieux, soit qu’on m’en soupçonne quand je la dissimule, et qu’on préfère qu’elle s’épanche ouvertement, soit qu’on se sente mis en cause par mes ordinaires protestations d’insuffisance et d’incompétence, soit que la faiblesse de délirer sans piste (apparente) au bout de deux godets de tord-boyaux humanise une mégalomanie si manifestement mal aventurée, soit qu’on ait l’impression que je ne cache plus rien, un peu de tout ça probablement, sans omettre qu’alors je m’intéresse aux gens, à leurs caractéristiques et à leurs objets, ou fais comme si – et puis qu’ordinairement ils sont eux-mêmes embrumés. C’est plus la maîtrise, je crois, que l’agressivité, qui est soluble dans le jaja, et si ridicule que ce soit à dire, c’est surtout la maîtrise qui offusque les clampins que j’ai l’occasion de rencontrer. [Plaisante débauche d’hypothèses sur la cause d’un prétendu fait lui-même conjectural, surtout attendu l’état dans lequel on procède aux constatations! Je me suis senti apprécié comme compagnon de beuverie, mais rarement vu redemandé, et l’autorité d’Irène est un peu légère. Demeure ce fait qu'un homme assoiffé de contrôle comme moi puisse n'avoir jamais eu aucune réticence, en compagnie du moins, à un tel désarmement unilatéral : me croirais-je, par hasard, séduisant, quand je laisse parler la bouche d'ombre?] Quant à picoler dans la solitude, pour self-grandioser sans garde-fou, ça me ferait peut-être le plus grand bien, et sans doute potasserais-je la discipline jusqu’à la cirrhose ou au delirium; mais je n’y ai même pas fait les premiers pas.]

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