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Inventaire avant liquidation

[Narcissisme pathologique: du bénin au sévère]

25 Novembre 2017 , Rédigé par Narcipat Publié dans #61 : Narcipat?

 

    C. NARCISSISME PATHOLOGIQUE

 

    En général, tous les conflits névrotiques entravent les bonnes relations du soi avec les différentes instances et structures mentionnées. Par exemple, des interdits d’une sévérité pathologique contre les pulsions sexuelles (du fait de leur implication œdipienne non résolue) se traduisent par des relations conflictuelles du soi avec les objets externes, d’excessives pressions du surmoi sur le soi, et une réduction dans le potentiel de sublimation du moi [Pourquoi donc? Est-ce qu’au contraire, le sexe, réprimé “texto”, ne tend pas à trouver des échappatoires symboliques? Qu’auraient donc les assouvis à sublimer? Mais on me répondrait sans doute qu’il faut des interdits d’une sévérité normale…], toutes choses qui affectent de diverses manières la possibilité d’apports libidinaux au soi. En même temps, la mise en place de modèles pathologiques de la personnalité utilisés comme défenses contre des relations conflictuelles directes aux autres et contre une confrontation directe aux pulsions œdipiennes interdites protègent le fonctionnement du moi et du soi; ils protègent aussi l’estime de soi, c’est-à-dire qu’ils ont une fonction narcissique. Ainsi, tous les patients qui ont une réaction névrotique ou une pathologie de la personnalité ont “des problèmes narcissiques” : il existe une vulnérabilité pathologique du soi, dont ils se défendent par des traits de personnalité pathologique si bien que l’exploration et la résolution analytique de ces traits entraînent une activation des conflits et des frustrations narcissiques. On découvre alors combien le contenu des buts ou des attentes du moi et des exigences du surmoi sont restés à un niveau infantile qui s’oppose à la maturité des attentes et des aspirations narcissiques des zones du moi moins conflictuelles. [Il faudrait sauter le pas, et comprendre une bonne fois que le narcissisme est la base de tout. Que les “pulsions œdipiennes”, comme les autres, se rapportent au self en dernière analyse. Que le bonheur de l’amour et de l’étreinte est fondamentalement celui d’être accueilli et valorisé. Et que la libido “objectale” (a fortiori l’agressivité) n’est qu’un phénomène tardif et dérivé… peut-être. Disons que pour le moment, rien encore ne m’interdit de le penser, ni d’ailleurs qu’il ne s’agisse là d’un truisme que M. K. considère comme acquis avant de tracer son premier mot.]

 

    En général, l’activation des conflits autour de l’agressivité (qui réduit la disponibilité ou la prédominance de l’investissement libidinal du soi et des objets externes et internes) associée à une fixation ou à une régression à des conflits infantiles névrotiques inscrits dans un moi et un soi relativement bien intégrés représente une large source de frustration et/ou de distorsion du narcissisme normal. Ce sont là les formes les moins graves de perturbations narcissiques qu’on peut rencontrer cliniquement.

    On peut trouver un type plus grave de perturbation narcissique dans les cas où le soi a développé des processus identificatoires pathologiques à un degré tel qu’il se modèle essentiellement sur un objet internalisé pathogénique, tandis que des aspects importants du soi (en liaison à cet objet) ont été projetés sur les représentations d’objet et sur les objets externes. Ce type de pathologie narcissique plus grave se rapporte à des individus qui (aussi bien dans leur vie intrapsychique de relations d’objet et dans leur vie extérieure) s’identifient à un objet et aiment un objet qui remplace leur soi (présent ou passé). Freud a montré que la sélection par les homosexuels de leurs objets d’amour qui les représentaient eux-mêmes était la principale raison qui l’avait conduit à adopter la thèse du narcissisme. Il considérait les relations amoureuses de ces homosexuels comme “narcissiques” contrairement à un attachement amoureux de type “anaclitique” à un objet qui représente une image parentale importante. [Vite lu, ça passe. Mais il faudrait voir par quels objets ça se traduit dans le réel. À la limite il est loisible de considérer tout choix d’objet comme “narcissique” ou “anaclitique” : le choix des pédophiles (platoniques ou non) est-il narcissique? Peut-être; mais je n’en dote pas moins la fillette que “j’aime” d’une sorte de pouvoir paternel. Par ailleurs, un nombre considérable de gens ont eu des mères affreuses à regarder; or je n’ai connu aucun amateur de verrues, de bajoues, de nez patatoïdaux ou de mentons démesurés. Pour une fille dont tout le monde est prêt à s’éprendre, il y a 90 laissées-pour-compte qui ne feront au mieux office que de pis-allers. Rapportée au réel, l’“idée géniale” de Freud ne rend compte que très maigrement des choix, et n’a donc qu’un intérêt limité. Peut-être l’attachement à la beauté (soit à une valeur reconnue, la compagne ou le compagnon servant d’étiquette de prix) est-il fonction du narcissisme (c’est-à-dire du déficit narcissique, Kernberg ne me contredira pas là-dessus); en tout cas, l’étayage reçu à l’âge adulte ne consiste pas en bons soins et petits plats, et même les femmes les plus intéressées voient dans les bijoux dont on les couvre le signe du prix qu’on leur accorde : pouvoir ici, beauté là, c’est une rassurance narcissique qui est d’abord attendue du partenaire, dans les deux types de “choix d’objet” définis par Freud. [Réprimons le besoin d’ajouter des conditionnels, et ayons pour une fois le courage de nos opinions : Freud, sur ce sujet, n’a dit que des âneries.]] Afin d’examiner plus à fond cette situation, nous devons revenir sur les implications libidinales d’une relation d’objet normale.

 

    La relation normale à un objet représente un mélange optimal de liens “libidinaux à l’objet” et de liens “narcissiques” en ce sens que l’investissement d’objet et l’investissement de soi dans la relation gratifiante à de tels objets vont de pair. Dans ce contexte d’une relation libidinale du soi à un objet, cependant, la relation d’objet peut avoir une nature plus ou moins infantile, si bien que le soi peut avoir des relations à l’objet qui se rangent tout au long d’une ligne depuis une recherche infantile purement “anaclitique” d’amour – où se mêlent la dépendance, les exigences et la gratitude – [et qui serait donc narcissique, au sens où je l’entends : par le prétendu “amour”, c’est l’amour de l’autre qui est demandé] à un type adulte de réciprocité où un amour de soi lucide et mûr [c’est-à-dire détaché de ses origines et mensonger] se combine à un investissement mûr de l’objet. Le narcissisme adulte et infantile comporte “un égocentrisme” mais l’investissement de soi du narcissisme adulte normal se fait en termes de buts, d’idéaux et d’attente témoins de maturité, tandis que l’investissement du soi infantile normal se fait en termes de tensions infantiles, exhibitionnistes, avides de pouvoir et exigeantes. Le narcissisme adulte et le narcissisme infantile normal comprennent tous les deux un investissement d’objet. Leur différence réside dans la réciprocité de l’adulte opposé<e> à l’idéalisation et à la dépendance infantile<s>. [Il y a chez l’un et chez l’autre une recherche (ou illusion) de réciprocité, et je vois mal ce qu’il resterait de l’amour sans idéalisation ni dépendance.] Par conséquent, les relations “anaclitiques” comportent des traits régressifs, à la fois dans l’investissement du soi et l’investissement d’objet, c’est-à-dire une régression depuis un mélange adulte d’investissements narcissiques et objectaux à un type infantile de mélange de ces liens.

 

    Les stades de développement du surmoi (en particulier l’idéal du moi) et la nature de la principale issue des conflits œdipiens (par exemple la prédominance d’une fixation et/ou d’une régression à des phases libidinales prégénitales) influencent l’importance de l’aspect “anaclitique” de toutes relations d’objet ; c’est-à-dire, le degré de régression ou de fixation aux caractéristiques infantiles normales dans lesquelles les besoins de dépendance colorent à la fois les investissements de soi et d’objet. En bref, les relations d’objet normal impliquent un mélange d’investissement narcissique et objectal, et la nature des liens narcissiques objectaux varie en fonction du niveau d’ensemble du développement psychologique. Le type “anaclitique” d’amour d’objet, selon Freud, renvoie à des traits infantiles régressifs à la fois dans l’investissement narcissique et objectal de cette relation.

 

    Revenons maintenant au type le plus grave de perturbation narcissique évoqué auparavant. Lorsque l’investissement du soi s’accomplit sous la forme d’une identification du soi à un objet, tandis que le soi est projeté sur un objet externe qui est aimé parce qu’il prend la place du soi, la situation est totalement différente des caractéristiques normales du narcissisme dont on a déjà parlé. [Cette semoule semblerait vaguement coller à mon problème – dans la mesure où mon self est objet en quête de regard et d’amour fondateur. Mais à quoi diable se serait-il identifié, réduit qu’il est par l’absence d’autre à s’agresser lui-même? S’agit-il d’identification inconsciente? Possible que “je m’aime” et m’apitoie sur moi-même sous la forme d’une petite fille ou d’un corniaud sans défense [Je dirais à présent que c’est probable], mais apparemment, ce n’est pas ce dont il est question ici.] Ce type de relation d’objet, que Freud fut le premier à appeler “narcissique”, représente une pathologie narcissique qualitativement différente et bien plus sévère que les pathologies moins graves dont on vient de parler (qui représentent simplement une régression ou une fixation à un investissement libidinal infantile et non mature de soi et d’objet). Il importe cependant de souligner que dans cette relation pathologique entre un soi identifié à un objet (par exemple dans certains cas d’homosexualités masculines, avec une mère protectrice et source de gratifications orales) et un objet identifié au soi (le soi infantile et dépendant dans le cadre de l’homosexualité masculine), une relation d’objet existe encore : c’est-à-dire une relation entre le soi et l’objet dans ses interactions à la fois intrapsychiques et internes.

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