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Inventaire avant liquidation

[Narcissisme et homosexualité; résumé du “continuum”]

29 Novembre 2017 , Rédigé par Narcipat Publié dans #61 : Narcipat?

 

    Comme autre application de cette analyse structurelle du narcissisme, examinons maintenant les divers types d’homosexualité masculine. Nous pouvons classer l’homosexualité masculine le long d’un continuum qui distingue les degrés de gravité de la pathologie des relations d’objet internalisées. [Le plus frappant là-dedans, c’est qu’en 1975, pour un psychanalyste en pointe, l’homosexualité relevait de la pathologie quel qu’en fût le “degré de gravité”! [Et en 2017, s’ils étaient tous d’aussi bonne foi qu’Oriane?…]] D’abord il y a les cas d’homosexualité où prédominent les facteurs génitaux, œdipiens, dans lesquels la relation homosexuelle traduit une soumission sexuelle au parent du même sexe, défense contre la rivalité œdipienne. [Un peu vite dit, ça. Rien, dans vos Tables de la Loi, sur les foyers où le Père dévalorise la Mère, qui vous dévalorise? Ma bite au feu que, dans l’objectif d’exister pour la vraie autorité, j’ai eu à l’égard de mon père une attitude de soumission sexuelle, ou qui, lui paraissant telle, m’a valu le rejet n°2, et qui demeure ce qui me répugne le plus au monde, de sorte qu’elle s’est traduite partout par la révolte contre des “chefs” qui ne méritaient ni tant d’honneur ni tant de disgrâce. La normalité kernbergienne, peut-être l’ai-je retrouvée dans la bouche de cette collègue, à qui je prouvais une forfaiture du principal, et qui me répétait : « Je n’ai aucune raison de douter de la parole de M. Machin. »  Il est en tout cas certain que si ma vérité sexuelle est dans la soumission à un vieux (ou à une vieille, car là, les sexes s’effacent devant le pouvoir et la fonction), je suis à des années-lumière d’y coller charnellement. Mais il me semble que l’“âme-sœur” fantasmée garde quelque chose de cette fonction paternelle.] Parmi les patients homosexuels, ce sont les cas les plus névrosés et les plus inhibés; le pronostic du traitement psychanalytique y est habituellement le meilleur. Dans ces cas, le soi œdipien soumis et infantile s’accorde au père œdipien dominateur et interdicteur. Ce type d’homosexualité masculine présente fréquemment un refoulement sous-jacent des tensions hétérosexuelles, conséquences du renoncement aux pulsions sexuelles à l’égard de la mère œdipienne interdite.

 

    Dans un deuxième type, plus grave, il y a une identification conflictuelle de l’homosexuel à l’image de sa mère. [De fait, on est frappé par le volume de ces “daromphes” Rimbaud, Verlaine, Proust, Gide ou Montherlant, le père n’ayant qu’un rôle superficiel et effacé. Mais les mères de bien des hétéros ne sont-elles pas aussi volumineuses?] Il traite ces objets homosexuels comme une représentation de son propre soi infantile. Dans ce type d’investissement narcissique (celui qui est mentionné par Freud dans son article sur le narcissisme datant de 1914) l’investissement de l’objet homosexuel externe est effectivement “narcissique” en ce sens que l’objet homosexuel prend la place du soi. Néanmoins, même si ce type d’homosexualité est plus narcissique que celui dont on a parlé ci-dessus, il faut noter qu’il y a encore une relation d’objet mise en jeu dans ce lien homosexuel (à savoir entre la mère et l’enfant). Le pronostic de ce type d’homosexualité est plus réservé que celui mentionné ci-dessus. Habituellement, les conflits pré-génitaux prennent le pas sur les conflits génitaux et ces cas présentent des perturbations plus graves de leurs relations d’objet. Divers types de pathologies graves de la personnalité se rattachent à ce type d’homosexualité. Cependant, ces patients sont capables d’amour profond pour leurs objets, même si c’est névrotique. Parfois, la sollicitude maternelle qu’ils portent à leur partenaire homosexuel comporte des éléments d’identification parentale qui ont des fonctions de sublimation et donnent de la profondeur à leurs relations aux objets, si bien qu’on rencontre à la fois des traits narcissiques et des aspects de relations d’objet. [Est-ce un hasard si le “génie” littéraire (accompagné ou non d’homosexualité) s’épanouit souvent au soleil de l’identification à ces mères excessivement présentes, sinon possessives?]

 

    Dans un troisième type de relations homosexuelles, le partenaire homosexuel est “aimé” en tant qu’extension du propre soi pathologique grandiose du patient [Guère de différence avec le couple paranoïaque vu par Oriane, sauf qu’ici l’on se borne, sans raison visible, à l’homosexualité.]; nous rencontrons ici la relation non pas du soi à l’objet ni de l’objet au soi mais du soi (pathologique grandiose) au soi. C’est le type le plus sévère d’investissement homosexuel, il caractérise l’homosexualité dans le cadre des structures narcissiques de la personnalité proprement dite; il constitue sur le plan pronostic le type le plus sévère d’homosexualité. Paradoxalement toutefois, parce que ces patients qui ont une structure narcissique de la personnalité et un soi grandiose pathologique présentent souvent en surface un meilleur fonctionnement que des types moins graves de pathologie [Simple application du cas général aux homos. Nous sommes les plus atteints, et néanmoins les moins perturbés : encore un néanmoins qui dissimule un rapport de causalité. Mon grain de sel n’a rien à faire ici, puisque je ne suis pédé que par le dégoût. Et si l’attirance exercée par les petites filles est à classer en annexe de l’homosexualité, ce serait plutôt, du moins en extériorité, dans un mixte de premier et deuxième types. Non sans un zeste du troisième, à y regarder de plus près! Comment mieux dire que ces distinctions ne sont pas opérationnelles?], certains de ces homosexuels qui fonctionnent le mieux sur le plan social peuvent avoir en réalité le type le plus sévère de pathologie homosexuelle [l’homosexualité étant en soi une pathologie, apparemment]. Dans ces cas, l’investissement des objets qui représentent le soi grandiose projeté est habituellement transitoire et superficiel; il y a un manque de conscience et d’empathie en profondeur à l’égard de l’objet [Ça ne se voit pas trop quand l’objet est trop jeune pour se connaître, qu’il est enchanté d’être par votre regard, et d’adopter les délicieuses complexités dont vous l’affublez. Quant à “transitoire et superficiel”, apparemment la durée de mes attachements (sept, six, quinze ans) le dément, mais 1) elle provient de l’absence de concurrence; 2) ces durées recouvrent des plages plus ou moins longues d’indifférence, que l’objet soit trop domestiqué ou trop inaccessible. Ajoutons que 3) nous savons que l’objet est illusoire, et relève en grande partie de la projection; mais nous nous en accommodons. J’ai toujours senti Hélène double : l’alter ego d’élection, accordé au self grandiose, avait son revers de fillette très ordinaire, instable, égoïste au possible, souvent très bête, et qui m’aurait suffi, si cette face-là n’avait appartenu aux autres : il m’en fallait une rien que pour moi, c’est-à-dire taillée de façon à apprécier ma prééminence.], qui correspond au manque d’intégration des représentations d’objet et du soi véritable – à l’opposé du soi grandiose pathologique.

 

    Par conséquent, définir le narcissisme sur un continuum depuis une relation adulte normale jusqu’à la relation pathologique la plus sévère du soi au soi présente des conséquences éminemment pratiques pour le diagnostic, le pronostic et le traitement. Quoique de nombreux cas de névroses symptomatiques ou de pathologie de la personnalité d’“échelon inférieur” présentent un certain degré de fixation et/ou de régression à un narcissisme infantile normal – avec par conséquent une augmentation des fantasmes et des idéaux qui reflètent les divers types de sentiments de grandeur, d’exhibitionnisme et d’exigence infantile – cette régression n’a pas de conséquence diagnostique, pronostique et thérapeutique particulière. On doit cependant garder à l’esprit que chez tous ces patients, les traits de personnalité pathologique ont une fonction de protection de l’estime de soi. Par conséquent les efforts analytiques pour modifier une structure névrotique comprennent toujours l’implication d’une lésion narcissique. [Eh oui. Et qu’on soit narcissique de structure ou de surcroît, la question demeure de savoir si ça vaut le coup de guérir. Non, répondrais-je, quand on a passé le temps d’aimer – c’est-à-dire d’être aimé. [Mais l’effacement de la libido change la donne : voilà au moins un progrès! L’ennui, c’est que les objets d’amour que ça nous ouvre, enfants et correspondantes, ne sont pas si faciles à trouver, et qu’on n’est nullement certain de ne pas s’en lasser à grande vitesse! Face au grouillement de sites de cul, s’il s’en trouvait un pour mettre en contact ces deux produits de notre époque les mères célibataires et les retraités esseulés, disposant de place, de fric, et de temps à perdre avec un gosse… eh bien, je ne suis pas sûr de m’y inscrire, et ferais sagement, en tout cas, de laisser dans leur siècle les modèles de Fantine, de la Blanchotte, & aliæ. Cela dit, bien qu’on puisse prévoir quelques loups déguisés en grands-mères, et tout autant de “mamans-solo” (que ces temps sont bêtes, Seigneur! mais plus que les autres???) capables de tyranniser un vieillard, ce serait une fichtrement bonne idée, et je conseille à mes lecteurs de me la piquer avant que je n’aie achevé l’Inventaire, faute de quoi je me sens presque capable de rendre moi-même ce service à l’humanité.]]

 

    Ces cas où il y a une identification pathologique du soi à un objet infantile et où le choix des objets externes se fait par la projection du soi sur ces objets présentent habituellement des types de pathologie de personnalité plus graves et des conflits homosexuels plus importants. Quoique la nature narcissique de leur relation aux objets soit prédominante, habituellement ces patients ne nécessitent pas de modification particulière de la technique analytique. Même s’ils présentent une homosexualité manifeste ou refoulée, le pronostic d’une psychothérapie exploratoire ou d’une analyse n’est pas défavorable.

 

    Le troisième type de pathologie narcissique, le plus grave, caractérise les personnalités narcissiques proprement dites. Je les ai décrites aux chapitres précédents, et ici je n’en ferai que le résumé. Ces patients présentent une excessive préoccupation de soi, accompagnée en surface d’une adaptation sociale uniforme et efficace, mais avec de sérieuses perturbations dans leurs relations internes aux autres. Ils présentent des combinaisons variables d’ambition intense, de fantasmes de grandeur, de sentiment d’infériorité et d’hyperdépendance vis-à-vis de l’admiration et des approbations extérieures; ils souffrent de sentiments chroniques d’ennui et de vide, ils cherchent toujours une gratification de leurs efforts de briller, d’obtenir richesse, pouvoir et beauté; ils ont de graves déficiences dans leurs capacités d’aimer et de se préoccuper des autres. Les autres caractéristiques essentielles comprennent le manque de capacité à une compréhension empathique des autres, une attitude consciente ou inconsciente d’exploitation et de rudesse vis-à-vis d’autrui, en particulier la présence d’une envie intense, permanente, et de défense contre cette envie. [Toute la lyre! Ou plutôt : toute la scie, dont on se demande quelle est l’opportunité de la rappeler ici, puisque le rapport avec le continuum homosexuel n’est rien moins qu’évident. Naturellement, Kernberg continue à m’agacer par les éléments qui, à mon avis, ne collent pas : l’absence d’empathie cognitive, et surtout l’exploitation. Mais je ne puis faire grief à un volume tout imprimé de ne pas répondre à mes questions, et il se pourrait bien que sa raideur répétitive soit cause des pas que j’ai faits vers lui : il faut bien qu’un de nous deux change, ou je perdrais mon temps! Et puis, c’est moins humiliant que face à un analyste de chair et d’os : le livre, surtout lu si lentement, je le fais mien. L’envie, sentiment infériorisant, donc fort déplaisant à avouer, j’ai fini par admettre sa fonction, plus essentielle encore que ne la voit Kernberg, car, en l’absence de désir propre, qui ne saurait être le fait que d’un sujet, je ne puis qu’imiter le désir d’autrui, ou en prendre le contre-pied : ceci mériterait d’être développé et nuancé. Peut-être faut-il comprendre l’empathie comme acceptation de l’altérité dans le détail, cette altérité qui me paraît immanquablement fausse et/ou insignifiante. Et au vu d’événements récents, je commence même à me demander s’il n’y a pas une autre manière d’envisager l’exploitation…]

 

    Le pronostic de l’analyse ou de tous les autres types de traitements psychothérapiques est plus réservé dans ces cas que dans tous les autres mentionnés auparavant, cependant il s’est amélioré à la suite des progrès récents dans la technique psychanalytique. Les déviations sexuelles chez les patients qui présentent ce type de pathologie de personnalité sont souvent très résistantes au traitement. [Pas demain que je vais m’éprendre d’un “âge en rapport”! Mais bon, voilà un symptôme assez répandu!]

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