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Inventaire avant liquidation

[Retour aux nanas]

14 Juillet 2015 , Rédigé par À noter Publié dans #9-10 : À la recherche du désir - De amore

     Marquise me dit un jour que si j’avais vraiment aimé les femmes, je me serais un peu plus décarcassé pour en conquérir – mais me précisa précipitamment de ne pas déduire un feu vert de cette observation. N’étant pas hideuse, et se cantonnant au rôle traditionnel de répondre aux avances par oui ou non, elle minimisait allègrement l’affre d’être repoussé, et interprétait ma réserve comme signe d’indifférence, ce dont je ne me défendais que mollement, car il est moins dévalorisant de désirer peu que de n’oser pas – au point que je me demande si courre une fantasmagorique homosexualité n’a pas surtout pour fonction de remettre la privation dans ma dépendance formelle, puisque mon inconscient, quoiqu’incontrôlable, c’est tout de même moi en quelque façon. Au moins faudrait-il, pour rendre crédible la quête et son objet, relever un minimum de gêne, de peur, de répulsion, de réticence intime face au corps féminin. Je ne suis pas fou des chattes, il est vrai, des touffues comme des rasées, mais la plupart des hétéros partagent cette répugnance visuelle, et les célébrations du Dr Zwang sont plutôt atypiques. Par ailleurs, les fragrances bestiales me rebutent, les collations de merde arrosées d’urine du zinzin marquis ne m’allèchent mie, et si j’ai appris à quelques petites que les époques tabou étaient les plus jouissives, je n’aurais pas lapé leurs ragnagnas pour un empire; mais le corps des filles ne m’effraie pas, j’en tripote et léchouille toutes les coutures dès que j’y suis autorisé, et je ne suis pas embarrassé du mien en leur présence, qu’elles en veuillent ou non : c’est devant les mâles que je rétice à me mettre à poil. Piètre baiseur, s’il faut en croire Hélène longtemps après coups, mais notre liaison n’a pas sombré sur cet écueil-là, ni aucune autre. Le mur de l’inhibition se dresse avant le déduit, infranchissable sans courte échelle, mais une fois qu’il est passé, je batifole comme un lapin dans le jardin d’Éden. Il serait tout de même plaisant que j’eusse besoin, pour recueillir des indices d’inversion, de supposer que les caresses, que j’aime prodiguer à perte d’haleine, mais guère essuyer, je me projette à mon insu dans celle qui les reçoit! Il est vrai aussi que je trouve infiniment plus de charme à certaines variantes du duc d’Aumale qu’à la position du missionnaire. Mais c’est qu’elles me permettent de malaxer un cul, de titiller des seins qui pendent, au lieu de s’étaler bêtement comme des œufs sur le plat, et quasiment de disparaître. Rien ne m’attire, ne m’excite, que la féminité, l’attrait esthétique va bientôt survivre à la concupiscence, et comme fort peu de filles se sont offertes, et moches pour la plupart, ces préférences m’ont procuré une joie pour mille frustrations : ne faut-il pas être complètement louftingue pour se laisser dicter par le Pr. Kugelhopf l’homosexualité refoulée comme texte original du palimpseste, quand on ne trouve à inscrire que des aversions au registre des goûts secrets? C’est un fait que lorsque j’ai eu quatre filles dans une classe, je ne parlais que pour elles, et que les gars faisaient nombre. Délectables groupes de latin de seconde, à Maurice ou à Fort-Glandu, qui ne comportaient que des demoiselles! Assurément les cours les plus heureux de ma vie, même si les plus inutiles. C’est un fait que si je vais à la chasse au porno, c’est seulement dans les galeries de lesbiennes, et en tirant l’échelle dès qu’apparaît un pénis postiche. C’est un fait que les histoires de pédés me font mourir d’ennui, et qu’aussi loin que je remonte, je n’ai aimé et désiré que des femmes. Je me fais marrer : on dirait le Fleurier de L’enfance d’un chef après sa nuit avec Bergère : « “Est-ce que cet agent pourrait m’exciter?” Il fixait le pantalon bleu de l’agent, il imaginait des cuisses musculeuses et velues : “Est-ce que ça me fait quelque chose?” Il repartit très soulagé. » Ha ha. Si des tréfonds existent, il ne sont pas de cet ordre-là. Que j’aie fleureté, à l’aube de ma vie consciente, avec le désir d’avoir un enfant de mon père, choqué ce pauvre homme par mes “avances”, et y aie gagné pour toujours un sentiment de rejet et de honte, mes souvenirs ne remontent pas si loin, mais c’est possible. De là à conclure qu’il suffisait ensuite de trouver un maître à qui tendre mon cul pour que “tout se dénoue”, il y a un abîme. Le rôle central du percipi définit une dépendance, qui peut entraîner une soumission. Mais sexualiser le percipi exigerait, ce me semble, des éléments de preuve un peu plus costauds que l’écœurement et l’évitement. Freud et ses épigones ont fourré du sexe partout, et c’était une tarte à la crème, il y a quarante ans, que la vocation écrivaine aussi bien qu’enseignante trahissent le désir d’être connu “au sens biblique” : j’ai exploré ce “sens” comme un jobard, sans manquer toutefois de m’étonner, si les artistes et les profs subliment l’inversion, que chez tant des premiers et quelques-uns des autres, la sublimation accompagne la pratique la plus concrète : que reste-t-il donc à sublimer? Du reste, comment le désir de se faire mettre une pine au trouf pourrait-il être originel? À moins d’être violé, un gosse ne peut en acquérir de notion que tardive, et ceci s’applique à l’hétérosexualité la plus orthodoxe : lorsqu’un pote m’a révélé comment se faisaient les enfants, je ne l’ai tout simplement pas cru, et il m’est souvenance qu’à douze ou treize ans encore, je n’imaginais pas qu’on pût s’étreindre pour autre chose que procréer : quand mes parents nous annoncèrent la venue d’un petit dernier, je crus malin de faire remarquer que telle nuit j’avais entendu du bruit dans leur chambre. Si copuler a tourné ensuite à l’obsession, c’est surtout de m’en ressentir exclu. Il me semble relever là comme une erreur de focale, et qu’au temps même où le sexe était réprimé, il ne constituait pas un horizon, mais une simple dépendance du narcissisme.

     Divagation de puceau, enlisé dans la période de latence… J’admets qu’on hausse les épaules devant un discours si désincarné. Et n’ai garde, on l’a vu, de nier l’attrait d’un sac de peau lisse tendu sur du gras souple et bien placé. Mais que les yeux soient un substitut des nénés nourrissants, comme le soutiennent effrontément certains psychanalystes, me paraît plus ingénieux que pertinent : pour moi, ce serait plutôt l’inverse, et la contemplation d’un bulbous ass ne peut, dans mon esprit, être totalement dissociée du plaisir qu’il éprouverait à mes pelotages, et à s’ouvrir, vaincu, à une pénétration en levrette. D’une certaine façon, il me regarde, et de ce regard-là sont exclues la moquerie, le dédain, la duplicité. Il faut que les corps soient beaux pour avoir du prix, et de cette beauté inutile du gras excédentaire, sans autre fonction que celle d’instrument et de réceptacle du plaisir, car les deux sont liés dans l’imaginaire; mais ces considérations ne prennent, me semble-t-il, de sens sexuel que si je m’insère en quelque manière dans l’histoire. De beaux yeux ne sont jamais froids, railleurs ou impérieux, il me les faut aimants, soumis, timides, chavirés – ou rêveurs, travaillés par une inquiétude, un chagrin secret, une demande tacite de rescousse. Rien ne me douche comme le visage d’une fille qui sait ce qu’elle veut, et ne m’embrase comme celui où se lit qu’elle se donne malgré elle, parce qu’elle ne peut résister à la dictée des sens. Des films porno, je n’aime que les préliminaires – ou les aimerais, s’ils n’étaient si mal faits, car ils s’ingénient à tout gâcher par des raccourcis, avec de résolues salopes qui se déshabillent en cinq secs, et qu’il n’est nul besoin de chauffer pour qu’elles empoignent et entonnent toutes les verges qui passent, avec l’invraisemblable avidité d’un nourrisson qui n’aurait pas sucé de trois jours… le zénith de la bêtise étant atteint par ces gouines qui sucent des godes, ce qui en dit long sur ce qui leur manque vraiment – pour le macho décérébré qui se trouve derrière la caméra. On a envie de crier aux lesbiennes d’Internet, avec leur outillage et leurs harnachements : si c’est un phallus qu’il vous faut, pourquoi pas un vrai?

     La vraisemblance des scènes qui me font de l’effet, de toutes ces nanas qui s’abandonnent et se laissent faire alors que leurs principes protestent, est elle-même bien sujette à caution, surtout si je m’investis dans le rôle d’initiateur et de conquérant qui m’est, dans la vie, quasi-inaccessible. Raison peut-être pour laquelle je me mets rarement en scène dans les sketches associés à la masturbation, et glane si volontiers mon matériel de soutien dans le monde du saphisme, même frelaté. Certes le rival en est éliminé (le mâle visible : il est mieux toléré à l’écrit ou dans l’imaginaire); mais surtout les filles se connaissent dans les coins, je présume qu’entre elles les simagrées n’ont pas cours, et que quand la débutante perd la tête, et consent à une déviance toujours plus ou moins sulfureuse, bien qu’officiellement licite, c’est que le plaisir qu’elle se découvre est pour de bon irrépressible. À force de lectures fonctionnelles, j’ai fini par éventer les pages d’un opuscule intitulé Amours et dentelles, signé d’un nom en l’air, et dont le style tient les promesses du titre (la qualité littéraire fait très mauvais ménage avec la bandaison), pages d’ouverture où une cliente novice se fait draguer par la vendeuse dans une cabine d’essayage : que resterait-il de leur efficience si ces filles prenaient tranquillement rencard, sachant fort bien toutes deux jusqu’où elles ont envie d’aller? Rien : ce qui me touche, c’est le moment où l’on bascule dans le sexuel, où le désir de l’une entraîne celui de l’autre, à moins qu’elles ne le découvrent ensemble.

     Quant à mon désir, à mon plaisir, je n’aurai pas le front de les nier, après m’être pogné trois fois, une gouttelette chaque, dans les interstices du paragraphe précédent, rien qu’à évoquer telle ou telle saynète pas si éventée qu’elle devrait. Mais précisément : le souverain occulte, ce n’est pas l’objet, c’est le récit, et, par son biais, l’investissement de l’ego, même s’il paraît problématique lorsque les mecs sont éliminés de l’histoire. Tout se passe comme si je me déguisais en fille pour croire un peu à mes salades, ou m’investir dans celles d’autrui, comme si la jouissance, indéniable, ne prenait sens que du substrat d’une reconnaissance en tant que sujet sexuel – ou qu’objet? Les deux, mon Général! N’est-il pas significatif que si Sade émerge un peu de l’ennui sans recours qu’à l’ordinaire il m’inspire, c’est lorsque Justine raconte ce qu’elle a subi? Juliette, scélérate consciente et volontaire, ne m’intéresse pas du tout, mais sa sœur, bien qu’elle n’admette pas un instant d’avoir pris son pied, n’a pu résister au pouvoir, et a consenti à ce qu’elle réprouvait pour ne pas mourir – comme, soit dit au passage, la plupart des violées : quoi de plus simple, quand on vous impose une fellation, que de trancher net une bite avec les dents? Or cet accident est à ma connaissance sans exemple – et c’est ce succédané de consentement avoué qui m’émoustille, oh, vaguement. « Il fallut bien se prêter à tout »… Même ce fantasme d’imposer ma loi implique une dépendance, car il ne prend corps que dans la conscience de la victime, et je m’étonne que tous ces théoriciens du contrôle absolu et de la déshumanisation y soient aveugles. Même si c’est à ta soumission que vise mon désir, il me soumet à toi, qui seule peux décider de reconnaître ma domination.

 

     Céder, six ou sept ans après sa rédaction, à l'attrait d'adorner ce chapitre d'un supplément photographique (simplement pour avoir constaté que c'est devenu si facile!) illustrera surtout, je le crains, le thème des dégâts que peut opérer la sénilité dans ce qui n'était, après tout, pas si mal. Une étude sérieuse de mes fantasmes masturbatoires pourrait ne pas manquer d'intérêt rétrospectif, non plus qu'une typologie des scènes et photos qui me menaient à l'éjac, et me font encore bandocher, une ou deux fois par mois. Mais je n'ai plus l'espoir d'être exhaustif. Aussi, pour l'heure, n'ai-je d'autre ambition que de faire plaisir au lecteur dont les sens seraient taillés comme les miens. Cela dit, je me demande quel pourcentage de mâles cherche provende exclusivement dans les sites lesbiens ou pseudo-lesbiens. Si je me projette dans une fille, laquelle? Celle qui agit, ou celle qui s'abandonne? Langue au chat, mais il est certain que rien ne m'émoustille comme cet abandon, que je ne me flatte certes pas d'avoir obtenu une seule fois en ma vie.

     Est-ce que ces doigts qui s'insinuent dans une petite culotte direction clit' ne constituent pas une promesse d'authenticité du plaisir un peu plus crédible que ces énormes vits des sites hétéros?Dès lors que la séductrice est femme, d'ailleurs, il ne me gêne pas trop qu'elle soit laide, ni que la séduction soit un peu fougueuse :

      À noter la quasi-absence de baiser profond dans la plupart de ces images. Peut-être parce qu'on ne verrait rien? Toutes ces langues apparentes ne m'inspirent pas confiance. Il doit régner chez ces actrices sous-payées un principe “tout sauf le baiser” analogue à celui des putes.

     Là, je préférerais que Miss Café au Lait ait un peu moins l'air de faire sa B.A. Mais la rousse me fait craquer à tout coup.

      La sonate interrompue pèche par ces langues éternelles, et des seins suspects, parce qu'un peu trop beaux, mais le soupçon de gémellité ajoute une titillation transgressive :

      Il est, quand bien j'y songe, assez comique que j'attache une telle importance à la vraisemblance de la scène, qui devrait être des plus douteuse quand deux filles paraissent oublier qu'elles sont filmées! C'est égal, la plupart des léchouillages de tétons me laissent sceptique – à moins que lesdits ne soient dressés :

     Oublions que ma “débutante” avait déjà son tatouage, comme on l'apprend un peu plus loin :

     Et finissons par deux récentes, qui ont l'avantage (pour moi, du moins) de n'être pas usées :

     Comédie? Silicones? N'y pensons pas, la gamine est trop belle, et sa pose trop excitante :

     Quant à l'abandon de dos, mon préféré, voir beaucoup plus loin, c’est-à-dire l’éphémère jour d’hui, si peu et si mal inspiré.

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