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Inventaire avant liquidation

[Ici Quémans, 5 : Premiers ferraillements]

28 Décembre 2015 , Rédigé par Narcipat Publié dans #47 : Cacatalogue VI : Polyphonies

     Pedetemptim… mais par retour du courrier. 

 

     Si j'entretenais 77 correspondances, chère Lucile, au moins seriez-vous assurée de passer dans les tout premiers, puisque je n'attends pas au lendemain pour vous répondre. […]

    En êtes-vous si sûre, que j'étais  absent, que je ne mettais ni tête ni cœur à mes caresses? Il me semble jouir ici, dans le jardin des conjectures, d'un droit de contestation. Le fait est que j'ai la conviction, issue de l'expérience ou de quelque endoctrinement, que les "vaginales" n'existent pas, et qu'une femme ne saurait prendre plaisir au coït que par la bande. Je ne prétends pas légiférer pour toutes, ni excuser de la sorte des "atchoums précoces" (qui cadrent mal, vous en conviendrez, avec le désintérêt) mais expliquer que je ne cherche pas à prolonger l'étreinte ; en revanche je vous jure que les massages n'ont pas les yeux sur la pendule, et que vous vous êtes probablement trompée si vous avez cru être tripotée par un "employé de bains" indifférent : sans présumer de l'Amour, je mettrais ma main ou plus au feu que votre amant était très excité, et vous caressait pour son plaisir, même s'il avait été "servi" le premier. Que ce type d'union ne vous suffît pas, je m'en rapporte à vous. Et il se pourrait qu'en le manifestant vous ayez effarouché ce pauvre homme. Mais j'atteste qu'on peut, sans être froid, considérer le coït comme oppressif, et, tout en s'y plaisant, fuir l'illusion qu'il donne au mâle de deux libidos allant l'amble. […]

    L'olibrius que vous décrivez n'est guère recommandable, mais enfin je pourrais à la rigueur l'assumer, en corrigeant de mon mieux les travers : ce qui m'effraie, ce sont les zones d'ombre, et non pas la menterie en soi, mais, comme vous dites, ce qu'elle cachait. Passe, si c'est le néant! Mais l'inconscient ne met pas en place des procédures exceptionnelles pour éliminer le néant! Le silence sur ma famille surtout me préoccupe : si j'étais enfant de l'assistance, pourquoi l'avoir dissimulé? Une fille-mère? Un parâtre brutal? En six mois de liaison, surtout si je parlais beaucoup, il est quand même bizarre que rien n'ait filtré à ce sujet. Et d'où venait mon argent, puisque je ne travaillais pas et semblais inapte à en gagner? D'un casse, d'un héritage, d'un trafic illicite? Je crains le pire. Autre chose : j'ai quelques cicatrices, dont une assez hideuse à gauche, au deltoïde : on dirait un coup de couteau. Ou elle est récente, ou vous l'avez vue ; et si vous l'avez vue, vous m'avez questionné : je serais bien curieux de ce que j'ai pu vous en dire : la vérité, qui sait? Je ne pouvais pas mentir tout le temps! […]

    Me permettrai-je d'ajouter, au risque de vous déplaire, que je ne trouve pas très bien étayé le reproche que vous lui faites de "vouloir tout contrôler". Je comprendrais que vous stigmatisiez une écoute déficiente, mais avouez qu'incriminer un bonhomme de se ranger à votre avis pour "se l'approprier", c'est à mettre dans les annales! et qu'on ne peut se défendre de sentir se polymériser une version divergente de discussions de ce type… Chieuse, peut-être pas, mais enfin… que vouliez-vous qu'il fît? Vous eût-il obéi au doigt et à l'œil que vous y eussiez encore trouvé une paille, non? Dès lors qu'on ne vous écoute que pour faire valoir son Écoute… qu'on vous caresse parce qu'on n'éprouve rien… que vous prenez en grippe celui qu'adopte votre fille… faut-il grandement s'étonner que la vie ne vous ait pas fourni d'homme à votre convenance? Je marche sur des œufs, et tremble de vous fâcher, tant vous m'êtes précieuse, non seulement par le fil tremblant qui me relie à mon passé, mais par votre verve, votre esprit, votre spontanéité. Je voudrais être votre ami ; mais j'en serais un bien anémique si je ne vous invitais à chercher, à vos moments perdus, dans votre œil le fétu de la solitude. Les fous, disiez-vous, étaient dans votre karma? Mon Dieu, vous voyez vous-même ce qu'on peut vous répondre, et que Quémans, peut-être, vous aura répondu.

    Et j'en viens, pardonnez-moi, à me demander s'il mentait tant que ça. […]

    J'ai comme le pressentiment d'une longue histoire de malentendu amoureux. Rien moins qu'un "jeu cruel"! Je ne prétends pas que l'amour soit revenu en dépit de l'oubli, et dans la séduction que vous exercez actuellement, il faut faire la part de l'exception que constitue votre intelligence, attendu le milieu auquel je suis confronté. 

 

    Ici, demande, habile ou non, de photos d’elle(s), ainsi que de vieux courriers (de lui), pour se rendre compte, et ranimer la mémoire. « En tout cas, même si le plaisir que je prends à vos lettres est partiellement raciné dans un passé occulté, je pense qu'elles captiveraient n'importe qui : il se peut que vous soyez laide, un peu paranoïaque, voire légèrement mégère, mais vous écrivez comme Mme de Sévigné, et il se peut aussi que votre intelligence inflexible effraie les hommes! Pas moi, soyez en sûre! Biffez les épithètes hypothétiques si vous ne les supportez pas, et accablez-moi d'invectives, mais, de grâce, ne brisez pas ce brin qui me rattache à la vie! »

    Quatre jours plus tard…

 

    Si le fond du message, c'est que je suis frigide et emmerdeuse, il n'était pas besoin de le tirer de si loin. C'est la réponse du berger à la bergère, et je m'amuse des efforts que tu fais pour ne pas paraître trop péremptoire, et te borner à commenter mes propos, vu que tu es censé avoir tout oublié des faits ! Je croyais que c'était à moi, maîtresse de la mémoire, de répartir les torts… tu n'as pas tardé à reprendre du poil de la bête ! Achtung ! Tu es en passe d'oublier que tu ne sais rien ! Il faut assumer ensemble avantages et inconvénients ! Mais j'admets que j'ai prêté le flanc, en ce qui touche du moins au second grief, car le premier est d'une parfaite mauvaise foi, et tellement aberrant que je suis tentée de croire à ton amnésie, ou à mettre au compte de la ruse ce que j'attribuais à l'instant à la maladresse. Je ne suis pas frigide, à aucun degré, et il n'a jamais été question de ça entre nous – pas plus d'ailleurs que de cette bizarre théorie lesbienne-féministe qui semble dater des années cinquante. Tu avais les goûts rétro, pas les idées ! Les vaginales existent, je puis te l'assurer, et qu'il y en a au moins une que tu n'as pas comblée. Jamais tu n'as révoqué en doute le plaisir que je prenais à faire l'amour, et jamais je ne t'en ai donné l'ombre d'un prétexte. Il y avait des difficultés, dans un logement exigu, avec Primevère aux aguets, même la nuit, et entrant dans notre chambre à tout moment sans crier gare. Mais tu savais très bien que je n'avais pas de plus belle fête qu'un peu d'intimité sans menace, et même, au fond, avec. Que tu prisses ton pied à me “tripoter”, d'accord, “garçon de bains” était vaguement polémique, et il est exact que les éjacs précoces sont le signe d'un intérêt. Mais l'impression s'est mise en place, pendant, et surtout après, que tu pensais à autre chose ou à quelqu'un d'autre, que je ne faisais office que de poupée gonflable et de support masturbatoire. Non, tu n'étais pas demandeur de sodomie, et sans doute ne l'aurais-je pas tolérée, justement pour n'avoir pas à jouer la comédie du plaisir. Mais “demandeur de sodomie” est une formule étrangement ambiguë : n'aurais-tu pas aimé que je m'arme d'un gode pour t'enc…, TOI ? Allons jusqu'au bout de ce scabreux sujet : non seulement je te soupçonnais de te masturber “dans la fraîcheur des latrines”, mais en outre tu te précipitais dans la salle de bains en en sortant, et j'ai cru noter à plusieurs reprises que tu n'avais pas les doigts nets. SUFFIT. Après tout, Donatien de Sade commandait à sa femme des “étuis à mettre les culs”, à la mesure du “prestige” de Monsieur – mais il était en taule et séparé d'elle. Mon vrai problème, que je n'ai théorisé qu'ultérieurement, mais que dès lors je sentais dans ma fibre, c'est que tu faisais l'amour tout seul, avec je ne sais quels incubes ou succubes, qu'il y avait entre nous partage, mais pas union. Soyons honnête : je m'en accommodais. Mais rien n'est plus éloigné de la vérité que ce portrait d'amant-amoureux timide et rabroué que tu esquisses. La vérité, c'est que je t'ai peut-être plu un mois en 92, et quinze jours douze ans plus tard. La vérité, c'est que les hommes sont volages, et ne savent pas aimer : tes bizarreries, tes tendances secrètes ne sont qu'un épiphénomène. La vérité, c'est que peut-être je demande trop ; mais que j'ai obtenu très peu, et que je ne connais pas une femme durablement heureuse, sinon avec ses enfants.

    “Mégère”, par contre, c'est possible, et tu me coinces habilement quand tu relèves l'accueil que je fais à l'écoute et à la malléabilité. Là on touche à l'indicible : les gens qui ont leur petite idée une fois pour toutes dans le crâne, je ne peux pas les supporter, et à première vue tu étais tout le contraire. Je me reconnais inapte à rendre compte par les mots de cette horripilante impression d'être enveloppée aussi bien par tes prévisions que par tes acquiescements, qui ne changeaient rien aux actes. Tu reconnaissais que tu avais eu tort, de tenir tel propos, de prendre telle route, de faire tel choix de vie, mais comme s'il s'agissait d'un autre (imposture ou non, ton attitude actuelle est bien dans la ligne) et sans que ça modifiât rien à la suite : “A chose faite on ne peut rien changer”, mais on peut, au moins, ne pas la refaire ! Or j'avais beau te redire cent fois, par exemple, que tu parlais trop fort, et de façon très critique, des gens qui passaient, ou simplement de nos affaires, tu m'approuvais cent fois et recommençais cent-une ! Changer d'avis ne t'entamait pas, je me sentais flouée, volée, ça t'était si facile qu'on aurait dit que c'était prévu, fait d'avance, et je crois bien que c'est l'effet que tu voulais produire.. On éprouvait ce même sentiment d'emprisonnement quand tu balisais le débat, ou t'envolais vers le nid d'aigle de tes “en faiait”… avec leur prétention à tout résumer, non de ce qu'on avait dit de la question, qui était le cadet de tes soucis, mais de ce qu'il fallait en penser depuis toujours.

    Mettons que j'avais tort de m'énerver ; mais je te rappelle que je ne t'ai pas jeté dehors pour cela, que c'est toi qui es parti, sans “scène” particulière, puisque tu étais censé revenir, et surtout que ce n'est pas là que je loge ton grain de folie. J'apprécie comme il se doit le prétexte pervers que tu prends de ma difficulté à verbaliser mon malaise pour remettre en question la réalité noyée de brume, mais certaine, du mensonge et de la dissimulation. Tu ne me disputes pas les mystifications avérées, mille mercis de la concession ! Mais QUI, je te le demande, va écrire à son ex qu'il est séropo, et qu'elle ferait bien de, etc ? et avec humour, en plus, comme un stoïcien haut-de-gamme ! Un romancier va l'inventer, mais sans demander qu'on adhère ! Il y a un abîme entre la littérature et le mensonge ! Il n'est invraisemblable ni de sauter à l'élastique ni de voir passer Woody Allen, mais c'était tous les jours ou presque ! Sauf avec moi, ta vie, à t'entendre, était un festival de sensations et de surprises ! Ce qui était d'autant plus suspect qu'en ma présence tu fuyais le contact des gens.

    Est-il normal, d'autre part, qu'ayant vécu six mois en ta compagnie je sois hors d'état de te fournir les renseignements basiques que tu demandes, que tu en aies besoin ou non ? Que je n'aie aucune idée de tes parents, de ton boulot, de ta banque ? Si moi j'avais un trou, je te garantis qu'il serait vite bouché, et pourtant je n'ai aucune inclination à me raconter à droite et à gauche. Opiniâtre tant que tu voudras, mais je ne sors pas de là : ou tu avais quelque chose à cacher, ou tu étais malade. Non, mal balisé : tu es sûrement malade, et tu as peut-être quelque chose à cacher.

    Tu n'as pas fait de mal à Primevère, sinon en prenant la poudre d'escampette. Mais je ne t'accorderai pas qu'un gosse ait besoin d'un merveilleux de mauvais aloi, d'un mirage qui va se dissiper. Il a besoin de repères, de règles précises, même s'il est appelé un jour à les transgresser. Tu es de ces pères évanescents que les vieillards se rappellent avec l'émotion amusée qu'on réserve d'ordinaire aux petits frères. A cet égard nous formions un couple atrocement classique, toi paladin de la Fantaisie, moi rigide gardienne de la Loi, et bien obligée, puisque tu te dérobais sans cesse devant cette tâche. Avec toi Primevère n'aurait mangé que des desserts, et serait allée à l'école quand elle en avait envie. Ça va, quand il y a une conne pour jouer le sale rôle ; mais sans garde-fou, je doute, une fois qu'on a dévalé jusqu'à la cloche, que les permissifs chatoyants laissent un si bon souvenir. Et quant aux mensonges, je dis non. La petite souris, les fées, le père Noël, O.K., jusqu'à six ans. Non que je préconise de balancer les horreurs en masse à l'“âge de raison”, mais il faut au moins désaccoutumer progressivement l'enfant de se croire un destin exceptionnel dans un monde de merveilles, et l'habituer à tirer ses joies du réel, faute de quoi on programme un frustré de plus. Ceci étant, ne va pas me dire que tu bidonnais pour Primevère, quand tu m'écrivais, à moi : sida en vue ! Je lui ai juste dit que tu avais eu un accident, et puis, avec le temps, elle a cessé de parler de toi. Mais je suis sûre que l'abandon (ce n'était pas le premier !) a largement contrebalancé les petits bonheurs que tu lui avais donnés. Tout l'ennui du monde ne pèse rien face à l'abandon.

    Ne prends pas la peine de m'octroyer de “l'intelligence inflexible”, ni de me raconter que j'écris comme Maame de Rabutin-Chantal. J'aime les compliments comme une autre (et même plus, car on ne m'en a pas gavée) et je crois aussi qu'un peu de courtoisie éradiquerait bien des maux. Mais j'ai visité les coulisses de la tienne, et je sais ce qu'elle cache de mépris. C'est un mensonge de plus, qui ne te coûte pas plus que les autres. Combien de fois je t'ai entendu couvrir une copine de flagorneries, et, à peine avait-elle tourné le dos, la taxer sans transition de sottise incurable ! Tu me l'as dit et répété, tu ne peux garder de relations qu'avec des idiots, parce que ceux que tu estimes… un peu, tu es toujours tenté de les pousser dans leurs retranchements, de mettre cette estime à l'épreuve, et ça casse. En fait, d'après mes sondages, ça casse aussi avec les idiots : tu ne peux pas tenir une relation, les gens t'ennuient, ou tu as peur de les ennuyer, et tu les mordilles trop fort. Puis tu disparais… et tu reviens. Tu m'as probablement traitée comme les autres : inutile de me la jouer “malentendu d'amour”. On peut se flatter de l'espoir qu'un ado soit devenu un homme en dix ans , mais pas qu'en deux un homme resté ado se soit fondamentalement modifié. Tu m'as fait souffrir, je ne te le cache pas, tu as fait souffrir ma fille, pas question de repiquer au truc. Mieux vaut parfois être mal accompagnée que seule, mais pas si mal : par un spectre qui apparaît et disparaît sans consulter rien d'autre que son bon plaisir, qui est ailleurs même quand il est là, et qui n'est pas lui-même. Ceci dit parce que ta lettre prend un drôle de tour, avec ses “vous me charmez”, et sa “séduction actuelle”, et “essayer de vous plaire”, et “l'intérêt que vous m'inspirez” : comme si tu préparais précautionneusement le terrain. Si je me trompe, autant pour moi !

    J'ai pas mal hésité avant de joindre ces photos : parce que c'est marcher, ou y ressemble, et non pas parce que je suis laide, cela, peu importe, je reste à peu près certaine que tu t'en souviens parfaitement. Mais tout cet échange étant misé sur l'improbable éventualité que tu dises vrai et connaisses de graves difficultés, et l'envoi ne présentant aucun inconvénient, je reste dans la logique du pari. Primevère est ici telle que tu l'as connue. Elle n'a d'ailleurs pas énormément changé. Mais ne t'imagine pas avoir progressé d'un pouce ! JE NE TE CROIS PAS, et t'invite derechef à dire TOUTE la vérité. Ça m'intéresserait de savoir à quoi m'en tenir une bonne fois, et bien que je ne m'imagine pas dotée d'antennes infaillibles, il me semble que je sentirais la différence.

         […]

    Me voilà encore partie sur un fleuve de mots ! Elan caritatif mâtiné de curiosité, mais ne sous-estimons pas le plaisir de lire et de rédiger : je reçois rarement des courriers de plus de douze lignes, auxquelles il serait indécent de rétorquer douze pages, même si le désir en poignait. Donc en un sens j'en profite, mais pas au point d'entretenir un débat sans fin sur tous les thèmes ! Je pioche au hasard et dans l'ordre : “adepte de l'ironie”, OUI, chevalier-kaddish de l'ironie, toujours inquiétant, parce qu'on ne savait jamais à quel degré tu te situais, et que “ma chérie” semblait aussi “récité” que “bobonne”. Il est vrai que Primevère structurait notre langage, même quand elle était absente, mais le paradoxe, c'est qu'elle était jalouse de l'affection de l'oiseau de passage, et non de celle de sa mère. Je ne sais comment la suite aurait évolué si tu avais été plus stable, mais il m'arrivait d'y penser avec une amertume anticipée. Cela au moins m'aura été épargné !

    Je comprends que les zones d'ombre te fassent peur, si vraiment tu as tout oublié ; du reste je me suis demandé parfois si tu arrivais à t'y retrouver toi-même, à trier le réel des salades, et j'aurais été meilleur public pour des amnésies partielles. Ce qui me paraît inconcevable, c'est de garder comme enkystées des préférences, des répulsions, des idées générales, sans aucune notion des faits originels : de haïr un homme dont tu n'as aucun souvenir, alors que mes infos te porteraient plutôt à l'admirer ; de décréter que “les vaginales n'existent pas”, alors que tu n'as aucune femme en mémoire ; et, théorisant ce mystère, que “la plupart des goûts et dégoûts des gens normaux en sont là” : pas les miens, en tout cas ; et qu'en sais-tu ? C'est la question. Je songe très sérieusement à remettre tes courriailes à mon psy pour lui demander si c'est possible, s'il a vu des cas. Si tu mens, tu n'auras que ce que tu mérites ; et sinon, un bout de consultation gratuite !

    Tu l'avais, cette cicatrice “virile” à l'épaule, séquelle d'un duel au sabre ô combien plausible dans les dernières années du XXème siècle. Il est vrai qu'il s'agissait de sabres à cannes, et que cet épisode des Trois mousquetaires se déroulait en marge d'un camp de chercheurs d'or, si ma mémoire est bonne, au Brésil ou au Pérou. Pour une femme ou une pépite, selon les versions… Franchement, tu n'as pas honte ? Tu n'es pas allé, sans doute, jusqu'à te fendre la peau toi-même, et toute la racaille n'est pas sensible à l'esbroufe et au baratin ; mais ce morceau d'aventure prédigéré ! Et ça fonctionnait presque, à force de petits détails, tous à ton détriment : le relâchement des sphincters, l'adversaire chevaleresque, etc… Quand donc réaliseras-tu que ta vie, l'authentique, est probablement plus romanesque que ce bazar, qui porte l'empreinte de tes goûts littéraires douteux, même si tu les as reniés ? J'ignore si tu mentais tout le temps, mais je sais qu'avec toi il est prudent de ne croire que ce qu'on voit.

Lucile

(laide, paranoïaque, mégère, inflexible, mais d'une intelligence très moyenne)

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